Gazette universelle de littérature (1773)

ARTS.
aux -Art s;
Die [cb-anen K'ünße s &c. Les beaux
Arts da.ns leur origine , leur veritable na-
iure , & leur meilLeure application. Par M.
J. G. Sulzer. A LeipßcV. , chez les heri-
tiers Weidmann & Reich, ztz-8°.
M. Sulzer est occupe depuis quelque
temps d’un ouvrage , intitule : Theorie des
beaux Arts ; cette theorie est reduite en
Didfionnaire , & cette maniere de la trai-
ter n’est peut-etre pas la plus heureule ,
M. Sulzer a voulu rendre service ä ceux
qui ne veulent que consulter un ouvrage
de ce genre & qui font par toüt le plus
gränd nombre ; ceux qui cherchent les
liaisons , les principes , & le syfteme de
l’Auteur les y decouvnront ailement. Le
premier volume de cet ouvrage a paru
il y a deja quelque temps ; le second a
ere rctarde par le desordre de la sante de
l’Auteur ; & il le lera peut-etre encore ; c'eft
pour y suppleer qa’a la sollicitation de
Les amis , il a puWlie ce volume, ou il a
yenferme les principes de cette theorie
qu’on peut appliquer aux articles du pre-
inier volume , en attendant qu’ils puissent
paroitre ä leur place dans les endroits que
leur asiignera l’ordre Alphabetique , au-
quel il s’est astreint. Cette brochure est
donc, si nous pouvop.s nous exprimei air.fi,
la clef qui ouvre toutes les Falles dc l’edi-
fice des beaux Arts qua const-ruir l’Au-
teur»
Celui qui le premier donna l'epithete
de beaux aux Arts qui ont conserve ce
nom, s’ctoit, sans doste, apper^u que leur
essence consistoit ä reunir l’agreable ä i’u-
tile ; qu’ils etoient destines a embellir les
objets que les autres Arts ont inventes ;
en esset au lieu de faire consister comme
on l’a sr souvent repete , l’essence des beaux
Arts dans une im:tation de la nature qui
n’offre ä l’esprit que des id^es vagues , il
paroit plus näturel de la chercher dans le
penchant qui nous porte a embellir toast
ce qui nous environne.
On a eu des dementes avant de sonaer
a substitucr l’erdre & la symaietrie a* la

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simp’icite trop negligee des premieres ca-
banes j les hommes ont commerce & parle
entre eux avant de r’ecourir ä Iharmonie
pour' rendre le langage agreable ; ce n’est
donc pas ce qu’on nomrae besoins de pre-
miere necessite qui a prpduit les beaux
Arts ; c’est ce penchant pour les impres-
sions agreables que nous apportons au
monde , & qui agit avec d’autänt plus
denergie que les arnes ont , si l’on peut se
servir de ce mot, une rrernpe plus hcureuse
& plus parsaite. Le Berger qui le premier
a elsaye de donner une sorme plus elegante
ä Fa houlette , & de la decorer de quel-
ques reliefs ä peine ebauches, a ere le pere
de la sculpture ; celui de l’architediure est
le premier sanvage qu’un genie ind'ustrieux
a porte ä construire sa hutte suivant ccr-
taines proportions qui sissent de toutes ses
parties un enlemble ; & l’on doit cosfide-
rer comme le vericable Aateur de l’elo-
qüence chez une nation , celui qui le pre-
mier ressechit sür ce qu’il avoit ä dire ,
& s’effoi^a d’y mettre quelque cspecc d’or-
dre & d’agrcment.
C’est de ccs foibles germes que renten-
dement humain par une sage cultwre , a
su faire eclore peu a peu les beaux Ar.s ;
fornaes par la nature , ces germes, feconds
sosr enfin devenus sous la main de l’hom-
me intelligent d’excellents arbres charges
des fruits les plus delicieux. Il en est des
beaux Arts , comme de toutes les inven-
tions humaines, qui presque toujours nces
du hazard , & tres peu de chose dans leur
origine , deviennent par des ameliorations
successives , d'une utilite qui les rend tres
importantes. La Geometrie n’etoit d’abord
qu’us arpentage fort grossicr ; & c’est la
fimple curiosite des gens defeuvres , qui
a fair nähre l’Astronomie. Une applica-
tion soutenue a insenfiblement developpd
les elcments de ces deux sciences , & les
a portees a ce degre de persetftion ,
oii nous les voyons a.ujourd’hui , & qui
les tend d’un prix inestimable pour le
genre humain. Ainsi , quaiid les beaux
Arts n’auroient eu d’abord que l’amuse-
ment pour but , il faut bien se gatder de
resierrer^-aujourd’hui dans des Bornes aussl
ctioites leut's avar/cages recls. Pour les ap-