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Gazette universelle de littérature — 1774

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https://doi.org/10.11588/diglit.44754#0790
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s
le nom de l’Auteur fufsira toiijossrs pbur
reveil'er l’attcntion , & les choscs meines,
quoiqu’elles ne soient pas d’une egale im-
portance , ne tont pas (ans interet.
On a lieu d’etre un peu surpris que le
Marechal de Munich parle de l’Imperatrice
Elisabeth avec tant de respcil , & meine
d’eloges , lorsque l’on sait qu’elle ne l’ai-
_ moit point , qu’elle le lui temoigna fte-
quemment d’une manicre tres desagrea-
ble , & que peut etre dans le fond, son
regne n’a pas et£ fort avantageux ä l’Em-
pire Russe , qui a bien des egards , etoit
tombe sous eile dans une grande decadence,
dont il ne läisse pas de donner l’idee. En
tracans le caradtere de cetce PrincefTe , il
auroit pu faire mention de son saste pio-
digieux, qui alloir jusqa’ä unc gaiderobe
de 8700 habits complets , sans compter une
immenfite de pieces d’habillement separees;
ä quoi l’on peut joiudre des magasins de pie-
ces d’eroffes, entieres, entamees Sc en reifes.
Dans les detnierts annees de la vie d’E-
lisabeth , chaque saigaee lui coüioit 750a
xoubles, dont chacun des premiers Mede-
cins avoit 1000, & le Chirurgien 1500.
Elle craignoit extrememewt la mort; ayant
cU ä la vcille de son deces une violente at-
tjtque, eile promit d’abord ä chaque pre-
mier Medecin xjooe roubles , & ensuite
des terres d’une grande valeur en Livonie
s’ils la tiroienr d’assaire. Mais la vie ne s’a-
chete pas, & les Souveräns sont sujets aux
insirmitds humaines comme les autres Hom-
mes ; sa mort qui survint rendic ces pro-
inesses Cans eiser»
Pendant tout son regne , eile n’observa
aucun tdgime dans.ses alirr.ents, de sorte que
souvent on lui scrvoit le diner ä souper, &
le souper ä dejeuner; eile attcndoit h quel-
qu’une des Dames RulTes qui s’etoient in-
jinuees dans sa faveur par leurs complai-
sances , ne lui rcnverroient point quelques
jnets delicats & extraotdinaires.
Ces anecdotes ne se trouvent pas dans
le livrc du Marechal; nous les tirons d’un
cxtrait qu’en a fait M. Busching qui,
co; noit bien la Russic oti il a demeure long-
temps. Cela n’empcche pas qu’il n’y en ait
d’autres qui ont leur prix.
Par rapport ä ia- mort de Hmp^ratricc

Catherine s, le brtö't crfiintt qu'elfd avoxt
£te empoisonnce, & on l’a souvent repdtdj
cependant son genre de vie fournit des cau-
ses assez naturelles & assez probables de sa
snort. Rien de plus irreguher que sa fa$on de
vivre pendant les dernieres andres de fa Vie.’
Au printemps & en automne des que le
temps Vtoit clair, eile se promenoit des
nuirs entieres , & se preservoit de leur frai^
cheur ä force de boirc du vin de Hongrie.
Le Mardchal raconte pluficurs traits dc
l’emportement du Duc de Courlande , dont
il ne paroit pas ami. Cet emportement
passoit teures les bornes , & Tlmpdratrice
Anne y <£toit exposee a chaque instant. Un
jour il enna dans sa chambre en faisant
des jurements epouvantables , & en disant
qu il nc vouloit plus se tourmenter ä son
service , & qu’il s'en alloit en Ceurlande.
Il sortit ensuite & jeta la porte avec tant
de force , que l’Imperatrice effrayee Ieva
ses mains , frappa de l’une dass l’au-
tre, & alia se mettre a une fenetre pour
respirer. Un niomenc apres , l epouse dil
Duc vint suivie de ses enfants pour deman- .
der pardon ä l’Imperatrice & la supplicr
avec larmcs de ne pas 1c louvenir de CCS
vivacites du Duc qui cessoienc aussitot.--
Ces seeaes sont aisurernent bien singulie-
res j on ne s’imagineroir pas qu’elles se pas-
sent dans les palais ; mais ce som des hom-
mes qui les habitent, comme ceux qui vi-
vent sous un humble teil. Des que la rna-
jestc disparoit & s’abaisse devanr ses fava-
ris , eile nc doit pas compter sür les ref-
pefts.
Il y a quelque ch-öse a redreiler dans les
anecdotes da Marechal sür i’educcticn d©
la PrinceiTe Anne ; il npmme sa go yer-
nantc Hadcrkat^ ; ce nom s’ecrit Aderkiss,
&: c’est celui d une anciennc fannlle de Li-
vonic. Cette Dame, nee de Mardcfeld , au-
roit etc propre a l’emploi qu’on lui avoic
confie , & qu’elle remplit quelques annees,
sr eile n’avoit pas eu rimprudence de favo-
riler un commerce de galanterie entre la>
PrinceiTe & le Comte de Lyn ir , alors En-
voye du Roi de Pologne, Eleßeur de Saxe4.
en Russic. Lorsque cela fut decouve:t, 1c
Duc de Courlande la fit embarquer sür le
champ a CronRadt pour 1'Alkniagne,
 
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