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Gazette universelle de littérature — 1775

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[Num. 71-80]
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https://doi.org/10.11588/diglit.44755#0567
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moins que prouvé parce partage, puisqu'il
y rapporte simplement un fait, c’est que le
vent devint favorable pendant le sacrisice ,
sans insinuer le moins du monde que ie
sacrifice ait été la cause de ce changement :
ce à quoi n’auroit pas manqué un homme
religieux. Il est plutôt à présumer qu’Am-
snien connoissoit foit bien les difsérentes
Religions , mais que, du moins dans lame,
il n’écoit d’aucune.
Les épines du style d’Ammien doivent
être bien connues du Traducteur: Audi,
dit-il , qu’on ne sauroit disconvenir qu’il
»e soit en général , rude , inégal , quel-
quefois obscur , souvent hyperbolique &
gigantesque ; mais il ajoure qu’en sera
porté à saire grâce à l’Auteur sur cet article
£ l’on considere que ces défauts croient
ceux de presque tous les Historiens de son
fiecle 5 qu’il n’écrivoit pas dans sa langue,
& que les occupations de l’état auquel il
se voua de sort bonne heure ,* ne lui bis-
sèrent pas allez de loisir pour épurer son
gcût. Ces légères imperfections n’ôtent rien
d’ailleurs au mérite intrinséque de cet ou-
vrage intéresiant par tant d’autres endroits.
Ammicn , sans jamais s’écarter de cette no-
ble liberté qui convient à l’hrstoire , s’y
peint sous des traits infiniment propres à
le distmg.ucr de la foule de ceux qui ont
couru la même carrière. On y voit , pour
ainsi dire , à chaque page , une âme hon-
aéte & amie du vrai, un esprit avide de
connoître, & nourri de la leéture des meil-
leurs Ecrivains.
Il faut encore faire connoître en quoi
ont consisté les soins du Traducteur. Il a
suivi l’édition de Grcnovius comme la plus
correéte. Dans la pensée qu’on aime à sa-
voir quels sont les lieux qui correspondear
aujourd’hui à ceux qui furent autresois le
théâtre des grands événements , il a indi-
qué le plus souvent les dénominations ac-
tuelles , en les tirant d’habiles Géographes
tels que MM. d’Anville, Busching , Mac-
beam , &c. Il n’a pu parvenir que fort
tard, & vers la fin de son travail , à se
procurer la version de Marolies ; .mais elle
lui a paru si défeélueuse qu’il a bientôt
perdu 1 espérance d'en tirer parti. « C’est au
kâeur , dit-il , en terminant son Avant

s KO , . ,
propos , à juger si j’ai mieux reussi. Des amis
respeéfables & auxquels je dois beaucoup
m’encouragent à publier cet ouvrage • je-
n’ai pas la présomption de penser qu’il
soit sans défauts , je crois au contraire
qu’il en a beaucoup, & l’on jugera de la
sincériré de cet aveu par mon empresse-
meut & ma docilité à convenir des fautes
que je puis avoir commlfès & à les cor-
riger. Ce que j’ose pourtant espérer , c’est
que ceux qui auront lu l’original ne seront
pas mes Censeurs les plus rigides. »
Donnons à présent un échantillon qui
farte également connoître l’Auteur & le
Traduéïeur. C’est à quoi nous paroît tout
à fait propre le chapitre cinquième du XVI
livre , qui a pour titre : vertus de Julien,
» D’abord , ce qui n’cst pas fort aisé s
il se sit un devoir de vivre toujours avec
autant de tempérance que s’il eût éré as~
treinr à ces loix somptuaires , tirées des
ordonnances de Lycurgue & de Solon
qu’on observa affez long-temps à Rome, 8c
que Sylla , le Dictateur , releva de la dé-
cadence où elles alloient tomber. Julien
pensoit avec Démocrite que les repas spiem
di’des sont un besoin pour le luxe j & que
la vertu n’en demande que de sobres. C’est
suffi avec beaucoup de raison que Caton-
de Tusculum , à qui la sagesse de sa con-
duite a fait donner le surnom de Censeur,
a dit: s'occuper beaucoup de la table, c’c/2
négliger beaucoup la vertu. Enfin, comme il
lisoit souvent un petit livre que Constan-
tin , lorsqu’il l’envoya faire ses études, lui
avait adressé , & dans lequel il déterminoit
avec trop de profüsion ce qui devoir paioître
sur sa table , il défendit d’exiger & de lui
servir le phaisan , les poitrines & les ter-
rines de truie , content comme le dernier
des soldats des mets simples que le hazard
lui fburnissoir.
» Delà vint qu’il partagea ses nuits en
trois parties , dont il donnait l’une au re-
pos ,1a sécondé aux affaires , & la treisieme
au commerce des Mùses , comme le faisoit
Alexandre le grand, mais d’une façon moins
mâle. Car ce Prince tenoit de sa main éten-
due hors du lit, une boule d’argent , qu'ai
lorsque le sommeil avoit relâché ses mem-
bres le révcilloit par le bruit qu’elle, fai—
 
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