BELLES-LETTRES
LlTTiRA TU RE.
un des plus savans hommes de son silctej
11 ne se rendit pas rnoins celebre aupres
de ses contemporains par sa probit£ & la
simplicit^ de ses mecurs. II näquit ä Vitteaa
en Bourgogne en 1518. Ce fut en Italie
qu’il fit ses Stüdes ; le desir de voir le fa-
meux Melanchron , le fit passet en Allema-
gne , & il y prit du goüt pour la dotftrine
de Luther. En parlant de ce Savant , on
ne doit pas oublier de rappeller la haran-
gue pleine d’eloquence & de hardiesse qu’d
fit a Gharles IX au nom des Princes Pro-
testans d’Allemagne dans le temps ou Au-
guste, Elestcur de Saxe,l’avoit charge d’u-
ne negociation en France ; on ne doit pa$
oublier non plus le zeie avec lequel il s’ex-
posa a la mort la nuit du massacre de la
S. Barthelemi pour sauver la vie ä Duplet
sis Mornay & ä Andre Wechel , ne jeti
France, il passa la plus grande partie de
sa vie dans les pays etrangers 5 il mourut
en Allemagne en 15S1. Mornay a fair son
eloge en peu de mots : Is suit quales multi
•videri volunt; is vixit qualiter optimi mori
cupiunt. On connoit les ouvrages qu’il a
publies ; on ne donne ici que sa correspon-
dance avec Philippe Sidney ; eile commen-
ce ä l’annee 1575 & finit a Ian 1 58® , peu
de temps avant sa mort; le nombre des
lettres que contient cetre cdtlestion n’cst
pas meins de 97. On sait quel en est le
ton general; la latinite en est estimee 5
elles offrent des lebens excellentes de mo-
rale , des regles de coiiduire , di<ftees par
une connoillance profunde des hommes &
proposees pai i’amrtid. Philippe Sidney etoit
un des plus grands hommes de l’Ärgle-
terre ; favori d'Eüsabeth, il fut envoye par
eile aupres de J’Empereur en qualited’Am-
bassadeur ; la mamere dont il se conduisit,
le porta presque sür le tröne de Pologne;
ce peuplc plein d’ndmiration pour ses ver-
tus & pour ses talens , voul irent le choi-
sir pour leur Roi ; Elisabe h ne le permit
pas. Cet hoinme celebre qui jouoit un (i
grand röle ä la Cour , y eprouva des de-
gouts ; il sorma le projet de tenoncer au
monde; Languet qu’l en instruisit , se häta
de lui ecrire pour le faire changer de re-
solution, & il y rcussit. Sa lettre est pleine
JLulerti Lang eti, Galli , Epißolt, &c.
Lettres d’H ibett Languet Francois , ä
Phi! ppe Sidnry , Chevalier Ang’ois. Nou-
veile edition soignee 6* enrichie de notes,
Par M. Dalrymphe. A 1 ondres , chez
Murray, in 8°. ’
Hubert Languet fut inconrcstablemcnt
s 380 )
ne leur met a la tnain an seeptre de fer,
des epees & d*es ssambeaux , qu’a condi-
tion qu’il en dirigera les coups, & qu’on
n’epargnera jamais aucunes des vidtimes
qu’il aura delignees ; autrement c’est un
despote lui -meme, que la superstition une
fois mecontentee ne pardonne jamais. Les
mouvemens de sa vengeance implacable
sont affreux, & m.iiheureusement ils ne
sont pas rares.. . Henii III, est un exem-
ple frappant de cettc verite .. . Les le^ons
de sa mere en avoient fait un protedieur
Zele de la superstition la plus avcugle , &
du fanatisme le plus farouche ; il croyoit
expier ou du moins pallier aux yeux de la
nation par les pratiques de lune& par les
pe secutions de l’autre , ses profusions &
ses debauches. Tant qu’il ne mit point de
bornes ä sa soumission , les exaeftions les
plus ruineuses , le faste le plus desordonne ,
les seenes les plus scandaleuses lui furent
pardonnees. Aulli tot qu’il .voulut matchan-
der, pour ainsi dire , avec le fanatisme ,
celui ci tourna sür le champ ses armes con-
tre lui » .
Ce n’est pas seulement dans ses obser-
Vations politiques que l’EJiteur presenre
des verites ausii utiles , il fait eclater dans
son discours preiiminairc , le meme zele
pour ltr bonheur public ; & puisque ces
deux volumes ne font que de paroitre, quoi-
qu’imprimes des l’annee derniere ; il y a
lieu de croire que la publication en a ete
rerardee par cette sorte de gens qui cr.ii-
gnent qu’on ne s’instruise , & qu’on ne
les reconr.oilTe pour les viais ennemis de
leur patrie, a la faveur de la lumiere qu’ils
ireulent eteindre.
LlTTiRA TU RE.
un des plus savans hommes de son silctej
11 ne se rendit pas rnoins celebre aupres
de ses contemporains par sa probit£ & la
simplicit^ de ses mecurs. II näquit ä Vitteaa
en Bourgogne en 1518. Ce fut en Italie
qu’il fit ses Stüdes ; le desir de voir le fa-
meux Melanchron , le fit passet en Allema-
gne , & il y prit du goüt pour la dotftrine
de Luther. En parlant de ce Savant , on
ne doit pas oublier de rappeller la haran-
gue pleine d’eloquence & de hardiesse qu’d
fit a Gharles IX au nom des Princes Pro-
testans d’Allemagne dans le temps ou Au-
guste, Elestcur de Saxe,l’avoit charge d’u-
ne negociation en France ; on ne doit pa$
oublier non plus le zeie avec lequel il s’ex-
posa a la mort la nuit du massacre de la
S. Barthelemi pour sauver la vie ä Duplet
sis Mornay & ä Andre Wechel , ne jeti
France, il passa la plus grande partie de
sa vie dans les pays etrangers 5 il mourut
en Allemagne en 15S1. Mornay a fair son
eloge en peu de mots : Is suit quales multi
•videri volunt; is vixit qualiter optimi mori
cupiunt. On connoit les ouvrages qu’il a
publies ; on ne donne ici que sa correspon-
dance avec Philippe Sidney ; eile commen-
ce ä l’annee 1575 & finit a Ian 1 58® , peu
de temps avant sa mort; le nombre des
lettres que contient cetre cdtlestion n’cst
pas meins de 97. On sait quel en est le
ton general; la latinite en est estimee 5
elles offrent des lebens excellentes de mo-
rale , des regles de coiiduire , di<ftees par
une connoillance profunde des hommes &
proposees pai i’amrtid. Philippe Sidney etoit
un des plus grands hommes de l’Ärgle-
terre ; favori d'Eüsabeth, il fut envoye par
eile aupres de J’Empereur en qualited’Am-
bassadeur ; la mamere dont il se conduisit,
le porta presque sür le tröne de Pologne;
ce peuplc plein d’ndmiration pour ses ver-
tus & pour ses talens , voul irent le choi-
sir pour leur Roi ; Elisabe h ne le permit
pas. Cet hoinme celebre qui jouoit un (i
grand röle ä la Cour , y eprouva des de-
gouts ; il sorma le projet de tenoncer au
monde; Languet qu’l en instruisit , se häta
de lui ecrire pour le faire changer de re-
solution, & il y rcussit. Sa lettre est pleine
JLulerti Lang eti, Galli , Epißolt, &c.
Lettres d’H ibett Languet Francois , ä
Phi! ppe Sidnry , Chevalier Ang’ois. Nou-
veile edition soignee 6* enrichie de notes,
Par M. Dalrymphe. A 1 ondres , chez
Murray, in 8°. ’
Hubert Languet fut inconrcstablemcnt
s 380 )
ne leur met a la tnain an seeptre de fer,
des epees & d*es ssambeaux , qu’a condi-
tion qu’il en dirigera les coups, & qu’on
n’epargnera jamais aucunes des vidtimes
qu’il aura delignees ; autrement c’est un
despote lui -meme, que la superstition une
fois mecontentee ne pardonne jamais. Les
mouvemens de sa vengeance implacable
sont affreux, & m.iiheureusement ils ne
sont pas rares.. . Henii III, est un exem-
ple frappant de cettc verite .. . Les le^ons
de sa mere en avoient fait un protedieur
Zele de la superstition la plus avcugle , &
du fanatisme le plus farouche ; il croyoit
expier ou du moins pallier aux yeux de la
nation par les pratiques de lune& par les
pe secutions de l’autre , ses profusions &
ses debauches. Tant qu’il ne mit point de
bornes ä sa soumission , les exaeftions les
plus ruineuses , le faste le plus desordonne ,
les seenes les plus scandaleuses lui furent
pardonnees. Aulli tot qu’il .voulut matchan-
der, pour ainsi dire , avec le fanatisme ,
celui ci tourna sür le champ ses armes con-
tre lui » .
Ce n’est pas seulement dans ses obser-
Vations politiques que l’EJiteur presenre
des verites ausii utiles , il fait eclater dans
son discours preiiminairc , le meme zele
pour ltr bonheur public ; & puisque ces
deux volumes ne font que de paroitre, quoi-
qu’imprimes des l’annee derniere ; il y a
lieu de croire que la publication en a ete
rerardee par cette sorte de gens qui cr.ii-
gnent qu’on ne s’instruise , & qu’on ne
les reconr.oilTe pour les viais ennemis de
leur patrie, a la faveur de la lumiere qu’ils
ireulent eteindre.