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Gazette universelle de littérature — 1776

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[Num. 71-80]
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https://doi.org/10.11588/diglit.44756#0584
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tigourcuse. Il avoit fait apprendre a son
disciple un gros catechisnie de sa compo-
sition , qui remplisioic deux mains de pa-
picr dcrit d’un caratftere fort scrre. Le jeune
Ferdinand , en furetanr un jour dans la bi-
bliotheque de son pere, tomba sür un conte
inritule : de l'Empereur Oiiavien avec sa
semme & ses enfans. II y prit tanc de goüt,
que des ce momcnt les Romans & les ex-
ploits de chevalerie devinrent sa paslion fa-
vorite. Un Medecin, nomine Schrsepfkopf,
fortifia tcllement en lui ce penchant, qu’il
devint en peu de temps un Visionnairc pa-
reil ä D. Quichotte 8c a D. Sylvio. II pas-
soit prcsque tout son temps a la chaise; un
Jour il rencontra une jolie vivandiere, asiez
proprement vetue , qui dtoit dans une Com-
pagnie de hussards. Son imagination dchauf-
fee la lui fit prendre pour une Dame de
distinftion qui s’eroit egaree , & il crut tout
de saire qu'il etoit de son devoir d’ete Che-
valier de cette gracieuse personne. La vi-
vandiere penetra bientot le caractere du
jeune homme, & forma la resolution d’en
tirer parti. Elle lui fit un recit touchant de
ses pretendues infortunes. Le bon Ferdinand
en fut tellement attendri qu’il lui offrit de
la ramenet dans sa famille. A cet eftet, il
prit ä ses parens tout l’or & les bijoux
qu’il put rassembler & gagna pays avec
la belle Nicoline , qui lui propoia de tro-
quer d’habits , 8c de la charger des bijoux.
Elle lui persuada de prendre les devans &
d’aller l’attcndre dans une auberge qu’elle
lui indiqua ä Erford. A peine arrive dans
cette ville , son traverstilsement sauta aux
yeux , Sc il eüt couru bien des dangers , si
son höre n’eüt eu l’adrelle de le faire passer
pour un jeune Etudiant qui.s’etoit battu
en duel, Sc qui ecoit oblige de se deguiser.
Cependant sa bourse se degarnit , Sc Ni-
coline ne paroir pas. Descsperanr enfin de
la voir revenir , il s’engage comme Atfteur
dans une troupc de Campagne. Un jour
qu’il alloit jouer le role du Magister Stife-
lius dans Bramarbas; apres avoir deja en-
dosse l’habit de theätre , il se souvint qu’il
dtoit Gentilhomme, 8c considerant tout ä
Coup qu’il se deshonnoroit en devenantain-
si l’objet des dclars de rire d’une vilc po-
jjulace , il quitta brusquemcnt le lieu de la

. 5
scene & s’enfuit hors de la ville , toa^
jours en habic de theätre. Il tomba encnfe
les mains d’un detachemenr Prussicn qui 1c
conduisit ä Leipsick Sc l’envoya commc
recrue a Bressau.
Le voilä donc militaire dans la Compa-
gnie d’un Capitaine , homme d’un vrai mc-
rite qui , instruir de sa condition , ne vou-
luc pas le reduiie au rang de simplc soldar,
& le sit bas-Osficier. Cependant Ferdinand
toujours rempli de sa haute naissance , eut
querelle avec un sous-Lieutenant 8c 1c
blesia. Il fut aussitör saisi , enchainc Sc tra-
duit au Conseil de guerte qui l’auroit in-
failliblement condamne ä mort , si le Ca*
piraine n’eüt intercede pour lui , 8c nc
lui eüt meme fourni les moyens de s eva-
der.
Devenu libre , ses anciennes visions lc
reprennent; Sc il forme le projet de voya-
ger sür mer. Il se rend ä Francfort sür lc
Mein , pasie ä Cologne oü il retrouve son
ami le Dodteur SchrarpfkopfF qui faisoit
le metter de charlaran dans les places pu-
bliques ; Sc c’est ici que finit la premierc
parrie. Ceux de nos ledteurs qui leroient
curieux d’en connoirre la seconde, pour»
ront recourir ä l’ouvrage meme. Pour nous,
il nous est itnpossible de continuer un ro-
man oü l’on ne trouve ni imagination , ni
gaiete , ni agrement dans le style ; l’Auteur
se traine toujours , 8c toujours pitoyable-
ment, sür les traces de ceux qui lont de-
vance.
T H £ A T R E.
M.oliere, drame en cinq asses en prose ,
imite de Goldoni , par M. Mercier. A Paris
1776, chez les Libiaires qui vendent les
nouveautes. Vol. in- 8°.
En attendant que les Comddiens de Pa-
ris , fideles ä l’engagement solcmnel qu’ils
en ont pris avec le public, elevent uns
statue en marbre au pere de la Comedie
Fran^oise ; digne interprete des sentimens
de sa nation, M. Mercier consacre ä la
gloire de ce grand homme un monument
bien plus durable 8c d’un plus haut prix :
c’est le tableau meme de sa vie priv^e. Le
pcintre avoit ä representer l’hommc autanc
 
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