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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 6.1860

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Nr. 6
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Jacquemart, Albert: Les dessins d'ornement de Polydore de Caravage
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https://doi.org/10.11588/diglit.17222#0344
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33A GAZETTE DKS IJKAl X-AIi'l S.

murirhins eux-mêmes-ornaient La table de leurs opulents possesseurs et

portaient quelquefois les marques d'un contact passionnément admira-
tii"'? On utilisait clone les choses sans les sacrifier, et ce respect de l'art
agissant en double sens, maintenait le travail intelligent de La matière à
une hauteur merveilleuse, entretenait parmi la foule une délicatesse de
goût et un jugement dignes d'être appliqués à l'appréciation des chefs-
d'œuvre.

Et ceci n'est point une exception imputable à des mœurs et à une civi-
lisation mortes depuis longtemps; toutes les époques glorieuses de L'hu-
manité ont vu se reproduire les mêmes faits. Ainsi, à la Renaissance, les
fds régénérés des écoles antiques ont agi comme leurs devanciers. A ces
génies nouveaux, pleins d'une ardeur juvénile et d'une foi profonde dans
l'art, il fallait un champ sans limites, des horizons sans bornes. Arrivés à
ce summum de l'étude où l'homme, dégagé des entraves du modèle,
trouve dans sa science et son inspiration le mouvement cadencé sans
rudesse, la grâce sans afféterie, l'expression calme sans froideur, la pas-
sion noble et contenue, tous cherchaient d'abord à montrer l'étincelle
divine sous la forme humaine, à réunir dans leur,s compositions les héros
de l'histoire; puis, pour se délasser du travail dévorant de ces concep-
tions sublimes, leur imagination fantasque ressuscitait à plaisir les
monstres rêvés par les anciens. Centaures, Pans et Sylvains, Tritons et
Néréides, toutes ces générations fabuleuses où la nature humaine et la
nature animale unissent ce qu'elles ont de plus gracieux, se plaisent si
bien dans les végétations tortueuses de l'acanthe et parmi les griffons, les
serpents et les guivres !

Mais, hors les frises des palais, les plafonds splendides, le pourtour
des théâtres et des cirques, où jeter cette ornementation vertigineuse? A
quoi appliquer cette séve surabondante? Quelle matière soumettre à ces
caprices, enfants bâtards de la statuaire, de la peinture et de l'archi-
tecture ?

Les artistes du xvie siècle n'eurent que l'embarras du choix ; leur
génie, soumettant tout à sa loi, sut rendre dignes de l'admiration de leurs
contemporains et des temps à venir, non-seulement le vermeil, l'argent et
le bronze ciselés, mais même la terre émaillée, épurée dans sa forme,
ennoblie par la peinture.

Aussi rien n'est fréquent parmi les œuvres de ces maîtres comme les
projets applicables à l'orfèvrerie, au mobilier, à toutes les choses usuelles
de leur époque. Nous avons déjà reproduit ici un plateau d'aiguière dont

L. Pline, liv. 37. ch, vu.

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