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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Gruyer, François-Anatole: Des conditions de la peinture en France et des peintures murales de M. Hippolyte Flandrin dans la nef de Saint-Germain-des-Prés
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0230
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222

GAZETTE DES BEAUX-AUTS.

de curiosité, qu'on ne saurait considérer avec un intérêt trop soutenu?
Ou n'est-ce pas plutôt que, par un juste retour sur nous-mêmes, nous
nous prenons d'une prédilection spéciale pour les qualités qui nous
manquent le plus? Je ne sais. Quoi qu'il en soit, M. Flandrin ne s'est
jamais démenti, et il a développé d'une manière constamment progressive
les saines doctrines qu'il avait d'abord adoptées.

Né à Lyon en 1809, M. Hippolyte Flandrin était, dès 1830, l'élève chéri
de M. Ingres Il remportait, en 1832, le grand prix de l'École des beaux-
arts, et allait fortifier en Italie un talent déjà sûr de lui-même. En 1837
il peignait son premier tableau religieux, saint Clair guérissant les
aveugles, — aujourd'hui à la cathédrale de Nantes, — et, l'année suivante,
Jésus-Christ et les petits enfants marquait un nouveau progrès dans la
même voie. En 18/iO, les peintures de la chapelle de Saint-Jean, à l'église
Saint-Séverin à Paris, faisaient entrevoir déjà les plus brillantes perspec-
tives. La décoration de l'abside de l'église Saint-Paul, à Nîmes, proclama
à l'extrémité de la France les hautes tendances d'un art depuis longtamps
oublié. Vinrent ensuite les premiers travaux de Saint-Germain-des-Prés.
Ce fut en 18A3 que M. Gatteaux, dont l'heureuse initiative a été si con-
stamment salutaire, inspira, dit-on, à l'administration le désir de voir
M. Flandrin attacher son nom à notre vieille église. L'artiste, consulté sur
la place qu'il désirait prendre, avait, avec la modestie qu'on lui connaît,
adopté une humble chapelle. M. Gatteaux se révolta : c'était un témoi-
gnage éclatant qu'il demandait, et M. Flandrin fut forcé de s'installer dans
la partie la plus vénérée du sanctuaire. Tout le monde se rappelle l'heu-
reuse sensation que produisirent VEntrée triomphale du Christ à Jéru-
salem et le Portement de croix. Nul autre que M. Flandrin ne semblait
digne dès lors d'encadrer et de compléter de tels tableaux, et il dut
achever lui-même la décoration complète du chœur. A peine il avait ter-
miné, que la ville de Paris lui confiait le soin de couvrir de peintures la
frise de Saint-Vincent-de-Paul. Mil huit cent quarante-huit surprit
M. Flandrin au milieu de ce travail immense. La révolution passa sur
lui sans ébranler sa foi ; et en 1851 tout le monde pouvait admirer ces
héroïques phalanges de saints et de saintes, qui s'avancent vers le Saint
des Saints avec un calme et une majesté si grandioses. Par suite des
errements de l'administration, l'abside qui couronne, dans cette basilique
moderne, la frise de la nef, avait été confiée à d'autres mains. On proposa
ensuite à M. Flandrin de la reprendre. Mais il refusa et fit bien, pensant

1, Voir dans la Revue des Deux Mondes du 13 décembre 1859: La Peinture reli-
gieuse en France, — M. llippolijle Flandrin, par M. Henri Delaborde.
 
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