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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 3
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Gruyer, François-Anatole: Des conditions de la peinture en France et des peintures murales de M. Hippolyte Flandrin dans la nef de Saint-Germain-des-Prés
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0231

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PEINTURES MURALES DE M. EL AN DR IN.

223

que la gloire même est payée trop cher au prix d'un mauvais procédé1.
Depuis lors, la nef de Saint-Germain-des-Prés a pris pour ainsi dire
à M. Flandrin tout son temps, et nous espérons avoir démontré combien
ce temps a été fécond pour l'honneur de l'art français. Aujourd'hui rémi-
nent artiste est encore dans la force de l'âge et dans la plénitude de son
génie. Nous avons donc droit de lui demander beaucoup encore, de lui
demander surtout de propager ses fortes convictions et de travailler à se
perpétuer dans des successeurs dignes de lui.

Le mal que nous signalions en commençant n'est donc pas sans remède,
et les erreurs qui nous égarent ne sont pas irrémissibles. Non : mais à la
condition que, grands et petits, gouvernants et gouvernés, artistes et pu-
blic, nous y aidions tous. Il faut le répéter encore, l'art reflète en France
l'opinion. Si l'opinion abdique, l'art abdique en même temps. Si la foi
religieuse est éteinte, l'art est sans ferveur. S'il n'y a qu'indifférence poul-
ies principes, s'il n'y a d'aspirations que vers la richesse, l'art se voue
aussitôt au culte de la matière et sacrifie sa dignité à sa fortune. Il faut
donc travailler sans relâche à nous amender, tâcher de reprendre le goût
des préoccupations généreuses, comprendre que la richesse ne constitue
pas la beauté et que le luxe n'est pas le signe certain de la grandeur.
Les Grecs appelaient barbares les Asiatiques couverts d'or et de pierres
précieuses, et ils avaient raison. Nous aussi, plaçons au-dessus de tout
notre esprit et notre âme, élevons nos cœurs, et ne nous laissons pas
envahir par les jouissances grossières, la pire de toutes les invasions.
Le courant qui nous entraîne est rapide, je le sais; mais la nature elle-
même recule devant les forces morales de l'homme. Luttons donc tou-
jours et partout; et que tous ceux qui ont encore quelque préoccupation
du beau élèvent la voix pour protester contre le mauvais goût et pour
applaudir aux œuvres capables de nous soutenir et de nous élever
davantage.

A. GRVJYER.

1. M. Picot, du reste, s'est acquitté avec honneur de la lourde tâche qui lui étail
confiée.
 
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