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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Livres d'art
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0095

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LIVRES D'ART

De l'Art chrétien, par M. A.-F. Rio, nouvelle édition entièrement
refondue et considérablement augmentée. — Paris, Hachette. 186].

C'est un inconvénient sans doute, mais c'est aussi un grand avantage que d'aborder
un sujet quelconque avec une idée préconçue, avec un système. La passion peut
égarer quelquefois l'historien, mais elle éclaire sa marche, elle lui fait voir ce qu'il
n'aurait pas vu sans elle, elle donne du relief h des indices qu'une étude calme et
froide laisserait échapper; elle prête une valeur à des faits dont la signification passe-
rait inaperçue.

Dans les questions d'art, la partialité n'a pas les mémos dangers que dans les
choses de l'économie politique, par exemple, ou de la grande histoire. Un peu plus ou
un peu moins d'admiration, c'est tout ce qui en résulte, et le monde n'en va pas plus
mal. Il peut être très-grave de se tromper sur la question des grains ou sur une me-
sure financière, ou sur un impôt, mais il importe peu à la paix du monde qu'on soit
entraîné par l'esprit de parti à déprécier l'école vénitienne, je suppose, ou à surfaire
l'école lombarde. C'est au lecteur bien avisé de rétablir la justice en apportant, ici un
appoint de louange, là une restriction dans le blâme, et en profitant des aperçus
lumineux, dos inspirations, des découvertes qui sont dues à la ferveur d'une croyance
exaltée ou môme à la sagacité d'un esprit prévenu.

11 y a quelque trente ans, M. Rio publia un premier volume sur l'art chrétien, et ce
volume fut bientôt dans les mains de tous les hommes sérieux. Les vues en étaient
originales, et le ton grave de l'écrivain tranchait sur les légèretés de la critique
d'alors. Pour lui, l'art chrétien n'avait existé qu'en vertu de l'idéal ascétique, et le
moindre soupçon de naturalisme, qui entachait la gloire de tel peintre que nous trou-
vons excellent, devait le faire exclure de la communion chrétienne et suffisait à le
frapper d'interdiction. Le trait le plus saillant du livre était une hardiesse à l'oncontre
de Raphaël. La Dispute du Saint-Sacrement avait été, suivant l'auteur, le dernier
chef-d'œuvre de l'art religieux. L'École d'Athènes avait commencé la décadence de
Raphaël, inauguré le paganisme dans l'art et préparé de loin la fade mythologie des
Rolonais et le matérialisme grossier de Caravage. Important parmi nous l'opinion de
ceux qui en Italie prônent avant tout les précurseurs, M. Rio l'avait exagérée au profit
do son système, et l'on sentait qu'il venait de faire une forte concession en admettant que
notre admiration pour Raphaël pouvait se soutenir jusqu'au moment où ce grand peintre
 
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