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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 4
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Beulé, Charles-Ernest: Le jour des Panathénées
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0361
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LE JOUR DES PANATHÉNÉES.

SOCBATE.

0 Phidias! as-tu donc tant de hâte de nous quitter?

PHIDIAS.

A mon âge les jours sont comptés. La mort me serait amère, si elle
me surprenait, ma tâche inachevée.

(Il sort).

SUCRAT E.

Un peuple qui ne sait point retenir un tel homme mérite que sa
destinée s'obscurcisse. Oui, les retours de la multitude sont terribles. Si
les Eléens nous aiment, ils ne nous rendront jamais Phidias.

SCÈNE XII

(Le matin. La route d'Éleusis).
PHIDIAS, ù cheval, vêtu pour le voyage.

La voie sacrée s'enfonce dans la montagne. Encore quelques pas et je
me retournerai en vain pour contempler l'Attique. Voici la place où je
m'arrêtai il y a quarante ans, comme je m'arrête aujourd'hui. J'étais
jeune alors, inconnu, et j'allais, non sans frayeur, supplier le dorien
Agéladas de m'admettre parmi ses élèves. Aujourd'hui, je ressemble à un
fugitif, mais je fuis vers la gloire. 0 sagesse du Dieu qui nous a créés!
La vieillesse peut courber nos membres et éinousser nos sens, sans que
l'âme, toujours ailée, toujours ardente, cesse de poursuivre un but qui
recule sans cesse devant elle. Là-bas m'attendent des espérances nou-
velles, peut-être ma plus grande œuvre. Ici je laisse tout ce que l'homme
a de cher, mon foyer, des amis éprouvés, l'air qui a vivifié mon premier
cri, la terre qui devait recevoir mes cendres. Si je l'avais voulu, Péiïclès
aurait continué le temple de Jupiter, malgré le souvenir de Pisistrate,
et je ne m'exilerais point au fond de Péloponèse. Mon sacrifice ne sera
point stérile, puisque j'épargne un péril au chef de qui dépendent notre
grandeur et notre liberté. Brillante Athènes, reine de la Grèce, que jamais
la contagion ne t'approche! que jamais la discorde ne rougisse le sol du
sang de Les citoyens ! que la guerre ne cueille point avant le temps la
fleur de ta jeunesse ! Puisse la Justice, au sceptre d'or, habiter dans
l'enceinte de tes murailles! Et toi, temple de Minerve, qui élèves vers
le ciel tes frontons étincelants, reçois mon dernier regard. Si je ne
reviens plus, tu me défendras de l'oubli.

liEULÉ.
 
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