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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 21.1866

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Nr. 4
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Thoré, Théophile: Van der Meer de Delft, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19278#0332
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VAN DER MEER DE DELFT.

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hollandais, c’est que Metsu se rattache aussi à l’école de Rembrandt et
à la triade Maes, de Hooch, Vermeer.

Il convient d’abord de restituer les dates de sa naissance et de sa
mort, 1615-1658, erronément inscrites dans le catalogne du Louvre,
dans la plupart des catalogues de l’Europe et dans les biographies.
M. Rammelman-Elsevier a prouvé, dans le Navorscher, que Metsu est
né en 1630, presque en même temps que Vermeer et de Ilooch; et, par
la découverte de plusieurs de ses tableaux, datés 1661, 1665 et 1667,
nous avons prouvé qu’il fallait reculer jusqu’après 1667 la date de
sa mort.

Le 13 mars 16A8, Gabriel Metsu, âgé de dix-huit ans, payait 1 florin
10 stuivers pour son entrée dans la confrérie des peintres de Leyde, sa
ville natale (Registre de la guilde, aux archives de Leyde). Peu après,
mettons 1650 à 1652, il vint à Amsterdam, et ses premiers tableaux
trahissent l’influence de Rembrandt, comme sujets, comme style et
comme pratique.

J’ai acheté en Angleterre une assez grande peinture de lui, très-
singulière, signée en pleine pâte durcie comme un émail : Abraham
renvoyant Agar, figures mi-grandeur naturelle ; c’est presque une
copie de l’eau-forte de Rembrandt. L’Abraham est enturbané, l’Agar
a un jupon rouge, dans les tons de Rembrandt et de Maes ; il y a le petit
garçon, le chien, la rivale qui paraît à la fenêtre, etc. La Femme adul-
tère, n° 290, au Louvre, est aussi du même style, avec un pharisien à
turban et à draperie rouge, et des figures d’une proportion inusitée dans
les tableaux postérieurs de Metsu. Le catalogue de M. Villot indiquant
que cette Femme adultère est signée et datée 1653, j’ai obtenu de
M. Reiset la faveur de voir de près cette signature, qui se trouve abso-
lument identique à celle de mon Abraham. D’autres tableaux, comme
celui du musée de La Haye, allégorie de la Justice} appartiennent encore
à cette période primitive.

En voici un qui démontre assez clairement l’adhérence de Metsu à
l’entourage de Rembrandt : c’est le tableau qui, de la galerie Backer à
Amsterdam, passa dans la collection de feu M. Stevens, de la rue Neuve-
de-Luxembourg ; portrait de Uytenbogaerd, en bonnet rouge, assis
devant une table à tapis rouge, sur laquelle sont des pièces d’or et un
coffret à bijoux ; à droite, s’avance de profil une femme en jupon vert et
caraco brun, et portant au bras un panier, — la femme de Metsu, suivant
une tradition hollandaise, qui rattache à ce tableau je ne sais plus quelle
mésaventure du peintre et de sa jeune famille. Toujours est-il que ce
Uytenbogaerd est le personnage dont Rembrandt a laissé le portrait dans
 
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