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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Essai d'un catalogue raisonné de l'œuvre gravé et lithographié de Francisco Goya, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0216
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FRANCISCO GOYA.

205

23. N° 23 delaséi'ie. — Aquellos polvos... (Cette poussière...)1

Dans un prétoire, une vieille, assise sur une estrade élevée, la tête coiffée d’un
haut bonnet pointu, revêtue d’une longue robe et par-dessus d’une espèce de
dalmatique, entend lire sa sentence. A ses pieds se presse une foule de specta-
teurs. En face d’elle, sur une autre estrade, un homme de loi donne lecture du
jugement.

Dim.: haut., 184 mill.; larg., 129 mil!.

M. de G. : C’est mal fait; une femme d’honneur qui rendait service à tout le

monde pour presque rien, si active, si utile, la traiter de la sorte!. C’est mal

fait.

2A. N° 2A de la série. — No hubo remédio. (11 n’y eut pas de remède.)

Une femme à demi nue, coiffée de ce haut bonnet pointu que l’on appelait
coroza, et montée sur un âne, est promenée par des alguazils au milieu d’une
foule de peuple.

Dim.: haut., 191 mill.; larg., 134 mill.

M. de G. : Cette sainte personne, ils la persécutent à mort... Après avoir écrit
sa vie tout au long, ils la promènent en triomphe. Certes, elle a mérité tout cela,
mais s’ils pensent lui faire honte, c’est temps perdu... On ne fera pas rougir qui
n’a pas de vergogne.

25. N° 25 de la série. — Si quebrô el cantaro. (S’il a cassé la cruche.)

Une femme irritée fouette de son soulier un enfant qui a cassé une cruche.

Dira.: haut., 180 mill. ; larg., 133 mill.

Une épreuve d’essai de cette planche, avant l’inscription et avant le numéro,
fait partie de la collection Carderera.

M. de G. : Le fils est étourdi, la mère colérique... Lequel est pire 2?

26. N° 26 de la série. — Ya tienen asiento. (Elles ont enfin leurs places.)

Deux jeunes femmes, n’ayant pour tout vêtement que leur chemise ou leur
mantille, portent des chaises sur leurs tètes; des galants les regardent en riant.

Dim.: haut., 191 mill.; larg., 139 mill.

M. de G. : Si l’on veut que ces créatures à tète légère trouvent où se placer, il
n’y a rien de mieux à faire que de leur mettre leur siège sur la tête 3.

1. Fragment du proverbe espagnol : De aquellos polvos vienen estos loclos. « Cette poussière produit
cette boue. » Goya a reproduit dans cette planche un Autülo, ou petit Auto, et le sens énergique de son
épigraphe semble indiquer assez clairement qu’il a voulu se railler des mœurs qui engendraient des créa-
tures du genre de celle qui entend 'lire sa sentence, des juges qui les condamnaient à ces ignominieux sup-
plices, et de la populace ignoble dont ces solennités faisaient les délices.

2. Si nous ne nous trompons, cette planche fait allusion aux violentes querelles qui s’élevèrent si fré-
quemment entre Marie-Louise et l’infant, plus tard Ferdinand VII, pendant les dernières années du règne
de Charles IV.

3. Nous lisons dans le second manuscrit la paraphrase suivante, beaucoup moins énigmatique: «Telle
est à présent la fureur chez nos belles de se découvrir la moitié du corps, qu’elles ne prennent pas garde que
les polissons se moquent d’elles. » Goya se raillait donc tout simplement de la mode, alors en vogue parmi
les élégantes, de porter des robes non moins écourtées par le bas que décolletées par le haut.

La suite prochainement.

PAUL LE FORT.
 
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