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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 22.1867

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Nr. 2
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Bulletin mensuel
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https://doi.org/10.11588/diglit.19883#0217
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BULLETIN MENSUEL

JANVIER 1867

LA MORT DE M. INGRES. — LE PAVILLON DENON.

A nouvelle année s’ouvre sous de tristes auspices. Un grand deuil vient
de frapper l'École française. A quelque nuance d’opinion qu’on appar-
tienne, il est impossible de ne pas reconnaître qu’en perdant M. Ingres
les Beaux-Arts ont fait une perte irréparable. L’homme qui pendant

soixante-six ans a vaillamment tenu le pinceau n’aurait peut-être pas ajouté un chef-
d’œuvre de plus à ceux dont il a doté la France. Mais sa présence parmi nous était
une garantie, sa vie une sauvegarde. Champion muet des principes du Beau, il n’en-
seignait plus, il ne prêchait pas, il n’écrivait pas, il avait cessé d’exposer. Mais il
vivait, et c’était assez pour imposer le respect, pour ralentir le torrent, pour conjurer
bien des tempêtes. Sa mort brise le dernier lien de pudeur qui retenait l’anarchie.

Un de nos collaborateurs étudiera dans ce recueil la vie et les œuvres d’Ingres. Je
me bornerai ici à constater quelle place d’honneur lui a toujours faite la Gazette des
Beaux-Arts. Quintilien disait en parlant de Cicéron : « llle se profecisse sciât oui
Cicero valde placebit. » On peut dire, en parlant d’Ingres, que non-seulement l’estime
accordée à ses œuvres honorait ses admirateurs et ses amis, mais qu’elle leur a tou-
jours porté bonheur. Le nom d’Ingres est inséparable de nos propres succès. Lorsque
la Gazette des Beaux-Arts fut fondée, en 1859, nous ne saurions oublier que
M. Charles Blanc, son fondateur, la plaçait sous le patronage de M. Ingres. Le premier
article paru dans le premier numéro était consacré à un tableau inédit du grand
maître, et la première gravure publiée reproduisait ce tableau, Louis XIV et Molière.
En 1860, M. Théophile Gautier, rendant compte de l’exposition du boulevard des
Italiens, proclamait le Saint Symphorien le plus beau tableau que l’École française
puisse opposer aux écoles d’Italie. En 1861, M. H. Delaborde décrivait les dessins de
M. Ingres exposés au salon des Arts-Unis, et M. Galichon en publiait le catalogue rai-
sonné, accompagné de la reproduction de la Jeune fille au chevreau. L’année sui-
vante, M. Flameng gravait la Source, pour un article de M. H. Delaborde sur la
galerie de M. le comte Duchâtel, la Source, une des plus charmantes créations du
peintre, le plus beau succès du graveur. La même année encore, en 1862, à propos
du tableau de Jésus au milieu des docteurs, reproduit par M. Rosotte, M. H. Dela-
borde étudiait chez M. Ingres les traditions de l’art français; et, en 1863, M. Charles
Blanc le prenait pour type du style, en commentant Y Angélique. Enfin, je m’applaudis
d’avoir pu louer à cette place le magnifique dessin d'Homère déifié, testament
 
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