DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:Müntz, Eugène: Holbein d'après ses derniers historiens, [2]
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Henry VIII monta sur le trône, en 1509, six ans avant François Ier.
L’impulsion donnée aux lettres et aux arts par ce dernier prince et
par Charles V excita son émulation... A Henri VIII commença l’essai
d’un période d’éclat, mais d’emprunt. » Le roi occupait plusieurs
peintres à l’époque de l’arrivée de Holbein 1. Il avait pour serjeant
painter John Browne. A sa mort, en 1532, il lui donna pour successeur
Andrew Wright, qui mourut peu de temps avant Holbein, et qui fut
remplacé à son tour par Antonio Toto. Holbein n’obtint jamais l’office
tant envié de sergeant painter. On trouve encore le peintre Vincent
Volpe, qui travailla pour la cour de 1514 à 1530; le Flamand Lucas Hor-
nebolt, le mieux rétribué de tous les artistes contemporains, qui recevait
par an 33 liv. 0 s. de traitement, tandis que celui de Holbein ne s’éleva
jamais au-dessus de 30 liv. 2 ; les Italiens Bartolommeo Penni, Antonio
Toto, et quelques autres artistes sans grand intérêt. Les générations
suivantes les oublièrent et attribuèrent toutes leurs productions à Holbein.
Le triage a donc été en Angleterre plus long et plus difficile que partout
ailleurs, et, au dire de M. Wornum, le critique qui s’était donné la mission
d’éclaircir ces questions, Waagen, n’a fait que les jeter dans un abîme de
confusion plus profond encore 3. Aujourd’hui la lumière commence à se
faire, même dans le public, quoique lentement. On laisse encore sous le
nom de Holbein des tableaux qui sont postérieurs de vingt ou trente ans
à sa mort, dont nous connaissons, depuis 1861, la date exacte (1543).
A l'Exposition nationale de portraits de 1866 figuraient des Holbein datés
de 1560 et de 1572!
Quels furent les rapports de Holbein avec ces artistes contemporains,
•*
(19 mars dernier), M. Kinkel, à son tour, apprécie et analyse l’ouvrage du savant
anglais et celui du savant allemand, et fait ressortir les mérites propres à chacun d’eux
Pour nous, dans cet exposé des dernières découvertes relatives à Holbein, nous avons
dû prendre pour guide unique le travail de M. Wollmann, parce qu’il est plus com-
plet, plus méthodique et plus récent (son second volume du moins) que celui de
M. Wornum.
1. Voyez J.-P. Nichols. Contemporaries and successors of Iiolbein. Archœologia,
vol. XXXIX.
2. Pour devenir juges de paix, les gentilshommes campagnards devaient justifier
d’un revenu de 20 livres, c’est-à-dire des deux tiers du traitement de Holbein. Ce
traitement était donc assez considérable pour l’époque.
3. M. Wornum lui reproche surtout d’avoir attribué à Holbein des œuvres que l’on
sait maintenant être postérieures à sa mort; mais Waagen avait aussi déclaré, à une
époque où il admettait comme tout le monde la date de 1354 pour la mort de Holbein,
que, vers 1546, un grand changement s’était opéré dans la manière du maître. Il n’é-
tait donc pas bien loin de la vérité, car Holbein est mort en 1543.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Henry VIII monta sur le trône, en 1509, six ans avant François Ier.
L’impulsion donnée aux lettres et aux arts par ce dernier prince et
par Charles V excita son émulation... A Henri VIII commença l’essai
d’un période d’éclat, mais d’emprunt. » Le roi occupait plusieurs
peintres à l’époque de l’arrivée de Holbein 1. Il avait pour serjeant
painter John Browne. A sa mort, en 1532, il lui donna pour successeur
Andrew Wright, qui mourut peu de temps avant Holbein, et qui fut
remplacé à son tour par Antonio Toto. Holbein n’obtint jamais l’office
tant envié de sergeant painter. On trouve encore le peintre Vincent
Volpe, qui travailla pour la cour de 1514 à 1530; le Flamand Lucas Hor-
nebolt, le mieux rétribué de tous les artistes contemporains, qui recevait
par an 33 liv. 0 s. de traitement, tandis que celui de Holbein ne s’éleva
jamais au-dessus de 30 liv. 2 ; les Italiens Bartolommeo Penni, Antonio
Toto, et quelques autres artistes sans grand intérêt. Les générations
suivantes les oublièrent et attribuèrent toutes leurs productions à Holbein.
Le triage a donc été en Angleterre plus long et plus difficile que partout
ailleurs, et, au dire de M. Wornum, le critique qui s’était donné la mission
d’éclaircir ces questions, Waagen, n’a fait que les jeter dans un abîme de
confusion plus profond encore 3. Aujourd’hui la lumière commence à se
faire, même dans le public, quoique lentement. On laisse encore sous le
nom de Holbein des tableaux qui sont postérieurs de vingt ou trente ans
à sa mort, dont nous connaissons, depuis 1861, la date exacte (1543).
A l'Exposition nationale de portraits de 1866 figuraient des Holbein datés
de 1560 et de 1572!
Quels furent les rapports de Holbein avec ces artistes contemporains,
•*
(19 mars dernier), M. Kinkel, à son tour, apprécie et analyse l’ouvrage du savant
anglais et celui du savant allemand, et fait ressortir les mérites propres à chacun d’eux
Pour nous, dans cet exposé des dernières découvertes relatives à Holbein, nous avons
dû prendre pour guide unique le travail de M. Wollmann, parce qu’il est plus com-
plet, plus méthodique et plus récent (son second volume du moins) que celui de
M. Wornum.
1. Voyez J.-P. Nichols. Contemporaries and successors of Iiolbein. Archœologia,
vol. XXXIX.
2. Pour devenir juges de paix, les gentilshommes campagnards devaient justifier
d’un revenu de 20 livres, c’est-à-dire des deux tiers du traitement de Holbein. Ce
traitement était donc assez considérable pour l’époque.
3. M. Wornum lui reproche surtout d’avoir attribué à Holbein des œuvres que l’on
sait maintenant être postérieures à sa mort; mais Waagen avait aussi déclaré, à une
époque où il admettait comme tout le monde la date de 1354 pour la mort de Holbein,
que, vers 1546, un grand changement s’était opéré dans la manière du maître. Il n’é-
tait donc pas bien loin de la vérité, car Holbein est mort en 1543.