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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 2.1869

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Nr. 1
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Lecoy de La Marche, Albert: L' Académie de France à Rome d'après la correspondance de ses directeurs, [4]: (1666 - 1792)
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https://doi.org/10.11588/diglit.21405#0074
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L’ACADÉMIE DE FRANCE A ROME.

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nies, dont nous aurions peut-être peine à nous tirer avec honneur. D’ail-
leurs les Allemands se flattent de venir à Rome l’hiver prochain, et ils
n’ont cessé de se plaindre de ce qu’on ne leur avoit pas tenu la parolle
qu’on leur avoit donné de les enrichir du butin de cette ville '.

On attend le Roy de Danemark mardy prochain... La plus part des
dames romaines aprennent à danser, parce qu’on dit que l’unique et plus
grand plaisir de ce prince est le hal.

25 mai 1709.

Le pape, monseigneur, donne aux peintres et architectes de quelque
distinction des croix de chevaliers ; ce qui marque l’estime que le prince
fait des vertueux, quelque naissance qu’ils aient. J’ai l’honneur d’apar-
tenir sous vos ordres au plus grand prince du monde, qui se plaît à faire
du bien et donner de l’honneur à ceux qui ont la gloire de le servir : ne
pourrois-je point, monseigneur, espérer une croix de Saint-Michel? J’ai
cet avantage qu’un André Poerson, mon ayeul, avocat au bailliage de
Metz, fut anobli. J’en ai la lettre en bonne forme, qui est en 1588,
par Charles, évesque de Metz et prince du saint Empire ; et ceux qui ont
eu cet honneur ont esté receus en France et reconnus avec des lettres de
confirmation de notre grand monarque. Depuis, nous avons vécu noble-
ment : mon père, après avoir dans sa jeunesse porté les armes pour le
service du Roy, se trouvant sans biens, fut chez M. \ouet, pour lors pre-
mier peintre du Roy, où il fit tant de progrès dans cette noble profession,
qu’il est mort, quoique jeune, l’un des quatre recteurs de l’Accadémie
royalle. Ce que j’ai l’honneur de vous exposer, monseigneur, est sceu et
connu de beaucoup de monde, et M. Mansart avoit demeuré chez mon
père pour apprendre l’art du dessein. Pour moy, il y a trente-huit ans
qu’ayant eu un prix à l’Accadémie royalle, j’eus le bonheur de venir à
Rome, élève et pensionnaire du Roy, et depuis mon retour en France j’ai
toujours eu l’honneur d’être employé pour le service de S. M.; et quoique
j’aye gagné assez d’argent, je n’ay jamais eu l’art d’en amasser. J’ai
soutenu l’Accadémie dans des tems difficiles et malheureux, sans que per-
sonne s’en soit aperceu; j’ai eu des inquiétudes et des peines extraordi- 1

1. Les lettres de Poerson, à cette époque, ne sont remplies que de nouvelles et de
détails de toute espèce sur les troubles de l’Europe, dont le contre-coup se faisait vive-
ment sentir à Rome. Le directeur de l’Académie de France n’avait plus autre chose à
faire que le métier de correspondant politique ; et encore les courriers arrivaient-ils
assez rarement à destination.
 
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