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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 1
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Ménard, René: Une histoire de la céramique
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0054
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

avec intérêt ses recherches, sur les briques émaillées de Babylone, sur les
poteries de l’Inde et de la Perse, sur les faïences lrispano-moresques, sur
les productions peu connues du nord de l’Afrique, auxquelles M. Jacque-
mart a consacré un chapitre des plus intéressants. Ceux qui s’occupent
de l’histoire industrielle de l’Algérie feront bien de méditer sur les lignes
suivantes de M. Jacquemart : « On demeure stupéfait, dit-il, devant cette
nombreuse suite d’ouvrages inconnus ; voici des urnes d’une élégance
presque antique, les unes munies de deux et trois anses réunissant le col
à la panse, les autres sans appendices, et de ce galbe heureux rappelant
les canopes de l’ancienne Égypte; puis ce sont des outres ou potiches, si
ce nom de l’extrême Orient peut se hasarder en Afrique, quelquefois
presque oviformes à col court, souvent écrasées et amincies à la base ou
turbinées; ce sont encore des vases biformes à une anse, munis d’un
biberon, comme la brocca italienne, ou mieux encore comme ces cruches
du Midi qui en sont une dérivation évidente. Toutes ces pièces couvertes
d’un émail gris rosâtre, de couleur carnée, sont rehaussées par une
décoration polychrome zonaire, composée généralement de bandes à rin-
ceaux, fleurons, denticules, rosaces, etc., où le jaune citrin, le brun de
manganèse, le vert et le bleu forment la plus charmante harmonie. »

M. Jacquemart a puisé bien des renseignements dans la précieuse
collection de poteries arabes appartenant à M. Georges Martin, qui l’a
formée sur les lieux mêmes en parcourant le nord de l’Afrique; cet heu-
reux amateur a eu la chance de pouvoir acquérir en bloc un véritable
musée formé par un Arabe passionné pour l’art et l’archéologie. Un Arabe
collectionneur, qui le croirait? Bientôt peut-être nous apprendrons que
les marchands de tableaux de Paris vont établir une succursale dans
quelque oasis, et que les marabouts du désert sont devenus des lecteurs
assidus de la Gazelle des Beaux-A rts.

La France entre naturellement pour une large part dans le travail de
M. Jacquemart. Si l’Italie est fière de ses Délia Robbia, nous lui opposons
notre Bernard Palissy, et quand nous nous mettons en ligne avec nos
faïences d’Oiron, dont l’ornementation délicate traduit si bien les élégan-
ces raffinées de la cour de Henri II, avec nos décors incomparables de
Rouen et de Nevers, avec notre vieux sèvres et nos aimables productions
du xvme siècle, nous pouvons admirer le génie des autres nations, mais
nous ne devons rien envier à personne, car notre place est au premier
rang. Dans l’énumération assez étendue des fabriques françaises, les col-
lectionneurs trouveront avec plaisir de nombreux dessins de marques et
monogrammes, et les gens du monde de précieux renseignements qui
les mettront à même de connaître une des industries les plus intéres-
 
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