LES LIVRES NOUVEAUX.
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par M. Émile Jonveaux L Ce n’est ni le sol, ni le climat, ni l’aspect extérieur de la
Russie, qui préoccupent le voyageur. Il laisse à d’autres le soin de décrire les villes et
les monuments, d’énumérer les richesses dues aux mines, à l’industrie ou à l’agricul-
ture de ce vaste empire. Hepworth Dixon s’est surtout proposé de faire vivre le peuple
russe sous les yeux du lecteur. Pèlerins, moines, prêtres, mendiants, vagabonds, sec-
taires; les Kalmouks, les Cosaques, les Kirghiz, les corporations ouvrières, les droits
de bourgeoisie, la division du sol, les révoltes des étudiants, les souffrances des
soldats : tels sont les tableaux divers qui se déroulent à chaque page.
« Svobodnaya Rossia (la Russie libre) est un mot qui se trouve sur toutes les
lèvres dans ce grand pays; c’est le nom et l’espérance à la fois de l’empire qui a pris
naissance à l’époque de l’expédition de Crimée. Depuis 1833 la vieille Russie s’est
transformée. Cette nation nouvelle, nous dit M. Dixon, qui espère conserver la paix et
qui veut être libre, voilà ce que j’ai essayé de peindre. »
L’empire de Nicolas, fermé comme par une muraille de Chine, disparaît pour faire
place à la libre Russie. Devant les événements qui se sont accomplis récemment,
devant ceux que l’avenir réserve, devant les aspirations de la vieille Europe, l’ouvrage
qu’a traduit M. Jonveaux est une source précieuse de renseignements sur un peuple
dont la politique peut être, dans un temps prochain, mêlée à la politique occidentale et
exercer sur elle une influence dont les résultats sont incalculables.
Puisque nous avons ouvert le chapitre « Voyages », nous ne l’interromprons
certes pas en rappelant ici le Tour du monde -, publication qui a largement contribué
à développer le goût des études géographiques trop longtemps, hélas ! négligées en
France. Nous n’avons pas à faire l’éloge d’un recueil qui compte douze années d’exis-
tence, que la faveur publique accueillait dès sa naissance et que ses éditeurs savent
donner à bon marché malgré le soin et le luxe de l’exécution. Cette œuvre, déjà si
vaste, entreprise et dirigée par M. Édouard Charton, si connu par son dévouement
à l’instruction populaire, voit son succès grandir et se consolider chaque année,
grâce aux artistes dont s’est entouré son fondateur, aux littérateurs qui traduisent
les relations étrangères, aux voyageurs que les fatigues, les dangers et les dépenses
n’arrêtent pas.
La treizième année du Tour du Monde n’est pas inférieure aux années précéden-
tes. Même variété et même intérêt dans les relations, même valeur et même exactitude
dans les gravures. Les Alpes, la Russie, l’Indo-Chine, l’Afrique, sont explorées tour
à tour. M. Paul Marcoy nous guide dans les vallées de Quinquinas (Bas-Pérou) ; avec
le baron Ch. Davillier, que les lecteurs de la Gazette connaissent et apprécient depuis
longtemps, nous continuons à parcourir les plaines, les villes, les sierras de l’Espagne.
Les mœurs, le peuple, les provinces et les monuments de ce pays favorisé du soleil
nous apparaissent sous un aspect nouveau. Nous y retournerons guidés par ce spiri-
tuel et consciencieux cicerone, dont les récits sont appuyés par des dessins pleins d’en-
train dus à Gustave Doré.
C’est encore un bon et beau livre de géographie et de voyage que les Montagnes
de M. Albert Dupaigne 1 2 3. Il fut un temps, et ce temps est encore bien près de nous, où
1. Paris, Hachette et Cie. 1 vol. in-8° avec carte et 75 gravures sur bois.
2. Treizième année. 1 fort vol. gr. in-4“. Hachette et Cic.
3. 1 vol. in-8o avec 7 cartes et de nombreuses gravures. Tours, A. Marne.
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par M. Émile Jonveaux L Ce n’est ni le sol, ni le climat, ni l’aspect extérieur de la
Russie, qui préoccupent le voyageur. Il laisse à d’autres le soin de décrire les villes et
les monuments, d’énumérer les richesses dues aux mines, à l’industrie ou à l’agricul-
ture de ce vaste empire. Hepworth Dixon s’est surtout proposé de faire vivre le peuple
russe sous les yeux du lecteur. Pèlerins, moines, prêtres, mendiants, vagabonds, sec-
taires; les Kalmouks, les Cosaques, les Kirghiz, les corporations ouvrières, les droits
de bourgeoisie, la division du sol, les révoltes des étudiants, les souffrances des
soldats : tels sont les tableaux divers qui se déroulent à chaque page.
« Svobodnaya Rossia (la Russie libre) est un mot qui se trouve sur toutes les
lèvres dans ce grand pays; c’est le nom et l’espérance à la fois de l’empire qui a pris
naissance à l’époque de l’expédition de Crimée. Depuis 1833 la vieille Russie s’est
transformée. Cette nation nouvelle, nous dit M. Dixon, qui espère conserver la paix et
qui veut être libre, voilà ce que j’ai essayé de peindre. »
L’empire de Nicolas, fermé comme par une muraille de Chine, disparaît pour faire
place à la libre Russie. Devant les événements qui se sont accomplis récemment,
devant ceux que l’avenir réserve, devant les aspirations de la vieille Europe, l’ouvrage
qu’a traduit M. Jonveaux est une source précieuse de renseignements sur un peuple
dont la politique peut être, dans un temps prochain, mêlée à la politique occidentale et
exercer sur elle une influence dont les résultats sont incalculables.
Puisque nous avons ouvert le chapitre « Voyages », nous ne l’interromprons
certes pas en rappelant ici le Tour du monde -, publication qui a largement contribué
à développer le goût des études géographiques trop longtemps, hélas ! négligées en
France. Nous n’avons pas à faire l’éloge d’un recueil qui compte douze années d’exis-
tence, que la faveur publique accueillait dès sa naissance et que ses éditeurs savent
donner à bon marché malgré le soin et le luxe de l’exécution. Cette œuvre, déjà si
vaste, entreprise et dirigée par M. Édouard Charton, si connu par son dévouement
à l’instruction populaire, voit son succès grandir et se consolider chaque année,
grâce aux artistes dont s’est entouré son fondateur, aux littérateurs qui traduisent
les relations étrangères, aux voyageurs que les fatigues, les dangers et les dépenses
n’arrêtent pas.
La treizième année du Tour du Monde n’est pas inférieure aux années précéden-
tes. Même variété et même intérêt dans les relations, même valeur et même exactitude
dans les gravures. Les Alpes, la Russie, l’Indo-Chine, l’Afrique, sont explorées tour
à tour. M. Paul Marcoy nous guide dans les vallées de Quinquinas (Bas-Pérou) ; avec
le baron Ch. Davillier, que les lecteurs de la Gazette connaissent et apprécient depuis
longtemps, nous continuons à parcourir les plaines, les villes, les sierras de l’Espagne.
Les mœurs, le peuple, les provinces et les monuments de ce pays favorisé du soleil
nous apparaissent sous un aspect nouveau. Nous y retournerons guidés par ce spiri-
tuel et consciencieux cicerone, dont les récits sont appuyés par des dessins pleins d’en-
train dus à Gustave Doré.
C’est encore un bon et beau livre de géographie et de voyage que les Montagnes
de M. Albert Dupaigne 1 2 3. Il fut un temps, et ce temps est encore bien près de nous, où
1. Paris, Hachette et Cie. 1 vol. in-8° avec carte et 75 gravures sur bois.
2. Treizième année. 1 fort vol. gr. in-4“. Hachette et Cic.
3. 1 vol. in-8o avec 7 cartes et de nombreuses gravures. Tours, A. Marne.