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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 8.1873

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Nr. 1
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Havard, Henry: Exposition rétrospective d'Amsterdam, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21410#0087
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

modelé que par l’agrément de l’expression. Combien cette adorable petite
femme de Brou n’est-elle pas plus charmante ! Tout le inonde la connaît
cette sibylle en cornette, qui, de sa main gauche, relève sa robe par un
geste commun à presque toutes les statues féminines de son époque, et
tient un livre dans sa main droite. M. Franken en a exposé une délicieuse
réduction, d’un travail fort ancien et qui, comme finesse de sentiment et
comme délicatesse d’expression, est une véritable perle. La réduction
de la Baigneuse d’Allegrain est aussi un excellent morceau, et qui serait
digne de la première place, si M. Trideman n’avait pas envoyé à l’expo-
sition son magnifique gobelet représentant Diane et Actéon. Ce gobelet,
œuvre flamande de la fin du xvne siècle, est extraordinaire de finesse,
de grâce et de légèreté. Moins agréable de dessin, moins fine d’exécu-
tion, mais non moins intéressante est la grande coupe exposée par
M. Jitta. Ici nous sommes en plein travail hollandais; et on s’en aperçoit
à la profusion d’ornements de toutes sortes qui surchargent le socle et les
flancs de la coupe, et aussi à la roideur du Neptune et de la Thétis qui
forment le pied, à la gaucherie du Jupiter et de la Junon qui surmontent
le couvercle.

Dans la même vitrine M. Jitta a encore exposé un enlèvement de
Sabines, groupe de deux personnes assez vigoureusement traité; une
Cléopâtre flamande qui fait mordre un sein plantureux par un aspic ; un
Hercule enfant étouffant un serpent, et deux figures de haut-relief d’un
travail fin et spirituel. Puis j’aperçois deux petits rémouleurs que je
recommande aux amateurs de figures humoristiques. Je leur préfère
toutefois ce beau christ mort, pièce considérable de la fin du xvne siècle
que l’exposition a empruntée au cabinet de Mrae la douairière Van Loon,
et qui est un des morceaux les plus importants qui soient à Arti.

Puisque je passe en revue les statuettes, il ne faut pas oublier de
mentionner tous ces gueux, malandrins, grincheux et autres sujets du
prince d’Égypte et du roi de Bohême, qui montrent leurs loques dans la
vitrine de Mrae Dusseklorp. Ces curieuses figures, moitié bois moitié
ivoire, sont presque aussi intéressantes que les mendiants d’Ostade ou les
gueux de Callot. Elles étalent complaisamment leurs infirmités et leurs
plaies, quémandant un regard, comme les originaux qu’elles représentent
mendient un « petit sou ».

Étant donnée la capacité toute spéciale des buveurs hollandais, nous
devions nous attendre à ce que les premiers objets d’ivoire, parmi ceux
destinés à usage journalier, qui s’offriraient à nos yeux, lussent des
gobelets, des coupes et d’autres vases de môme nature. Il y a, en effet,
à Arti une vingtaine de ces coupes et gobelets, parmi lesquels la pre-
 
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