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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
ajoutées sur de rares pièces à ces actes de naissance aussi sommaires
qu’ arbitraires.
En conscience, est-ce assez? Est-ce là tout ce qu’on était en droit
d’attendre d’une exposition organisée par les soins des représentants d’un
gouvernement? Nous ne le pensons pas. Ou le Japon ne possède plus
rien des produits de son art ancien, ou bien on a craint de faire courir à
des objets précieux et fragiles les risques d’un déplacement aussi loin-
tain. Quels qu’en soient les motifs, qui en somme nous importent peu,
impuissance ou prudence, ou bien encore, comme nous l’avons entendu
prétendre, dédain de son ancienne civilisation, s’il n’était pas possible
au Japon d’arriver à un résultat plus digne d’un grand peuple, pourquoi
faire une exposition rétrospective?
Ce sont trois amateurs français, nous l’avons dit, dont les collections
sont exposées dans la même salle, qui se chargent de sauver l’honneur
du pavillon japonais : MM. Yial, Bing et cle La Narde.
La vitrine de M. Yial est particulièrement intéressante par les éti-
quettes, instructives celles-là, dont il a eu le soin de faire accompagner
chacune de ces pièces si bien choisies. C’est M. YYakaï qui s’est chargé
de leur rédaction, et nous pouvons sans scrupule laisser à un juge aussi
compétent le mérite comme la responsabilité des attributions.
Nous citerons : —
Un magnifique brûle-parfums, en forme cl’urne élevée sur trois pieds,
en faïence craquelée cl' Awata (province d’lamashiro). Le couvercle
ajouré est surmonté d’un bouquet de chrysanthèmes et la panse, à fond
d’or, est décorée d’un vol de grues planant au-dessus des Ilots de la mer.
Un plateau en grès, céladoné et craquelé, de Bishu (province
d’Oiran), affectant la forme d’une feuille, et décoré d’une scène mys-
tique dont les personnages sont remarquables d’expression.
Deux plats en faïence de Kiolo, décorés de personnages finement
modelés en relief et émaillés en couleur.
Enfin un plateau à anse supérieure, en faïence de Kishu, et un plat
à bord dentelé, en faïence d’Awadji, portant une inscription et dont les
émaux brillants font songer à Palissy.
M. Bing a exposé une suite nombreuse, et des plus remarquables,
de pièces constituant la collection la plus complète que nous connais-
sions des différents types cfe la céramique japonaise, il y a là, pour un
amateur studieux, un vaste champ d’exploration dont nous ne saurions
faire ressortir l’importance dans les quelques lignes que nous pouvons
lui consacrer. Nos lecteurs en pourront d’ailleurs juger par les quelques
pièces dont la reproduction illustre cet article.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
ajoutées sur de rares pièces à ces actes de naissance aussi sommaires
qu’ arbitraires.
En conscience, est-ce assez? Est-ce là tout ce qu’on était en droit
d’attendre d’une exposition organisée par les soins des représentants d’un
gouvernement? Nous ne le pensons pas. Ou le Japon ne possède plus
rien des produits de son art ancien, ou bien on a craint de faire courir à
des objets précieux et fragiles les risques d’un déplacement aussi loin-
tain. Quels qu’en soient les motifs, qui en somme nous importent peu,
impuissance ou prudence, ou bien encore, comme nous l’avons entendu
prétendre, dédain de son ancienne civilisation, s’il n’était pas possible
au Japon d’arriver à un résultat plus digne d’un grand peuple, pourquoi
faire une exposition rétrospective?
Ce sont trois amateurs français, nous l’avons dit, dont les collections
sont exposées dans la même salle, qui se chargent de sauver l’honneur
du pavillon japonais : MM. Yial, Bing et cle La Narde.
La vitrine de M. Yial est particulièrement intéressante par les éti-
quettes, instructives celles-là, dont il a eu le soin de faire accompagner
chacune de ces pièces si bien choisies. C’est M. YYakaï qui s’est chargé
de leur rédaction, et nous pouvons sans scrupule laisser à un juge aussi
compétent le mérite comme la responsabilité des attributions.
Nous citerons : —
Un magnifique brûle-parfums, en forme cl’urne élevée sur trois pieds,
en faïence craquelée cl' Awata (province d’lamashiro). Le couvercle
ajouré est surmonté d’un bouquet de chrysanthèmes et la panse, à fond
d’or, est décorée d’un vol de grues planant au-dessus des Ilots de la mer.
Un plateau en grès, céladoné et craquelé, de Bishu (province
d’Oiran), affectant la forme d’une feuille, et décoré d’une scène mys-
tique dont les personnages sont remarquables d’expression.
Deux plats en faïence de Kiolo, décorés de personnages finement
modelés en relief et émaillés en couleur.
Enfin un plateau à anse supérieure, en faïence de Kishu, et un plat
à bord dentelé, en faïence d’Awadji, portant une inscription et dont les
émaux brillants font songer à Palissy.
M. Bing a exposé une suite nombreuse, et des plus remarquables,
de pièces constituant la collection la plus complète que nous connais-
sions des différents types cfe la céramique japonaise, il y a là, pour un
amateur studieux, un vaste champ d’exploration dont nous ne saurions
faire ressortir l’importance dans les quelques lignes que nous pouvons
lui consacrer. Nos lecteurs en pourront d’ailleurs juger par les quelques
pièces dont la reproduction illustre cet article.