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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Mantz, Paul: Adrien Brauwer, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0035
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

filous jouans aux cartes et aux dés ; une querelle de cabaret ; une ser-
vante cajollée ; des enfans qui se bercent, des tabarins et autres mom-
meries de cette nature. » C’est assez dire que les intérieurs où Brauwer
nous attend ne sont pas le rendez-vous des élégances. « Vous qui entrez,
dirait le poète, laissez à la porte tout souvenir de l’idéal officiel. » Et
j’ajouterai : « Gardez votre bâton ou votre épée. Vous en aurez peut-être
besoin. »

Avant de pénétrer dans ces peintures mal habitées, je dois dire qu’elles
ne sont pas nombreuses. On sait pourquoi. La vie de Brauwer a été courte.
L’artiste est enterré à Anvers le lfr février 1639. S’il est né en 1608, et
si, comme tout semble le montrer, son talent s’est éveillé de bon matin,
on obtient, pour la période de travail utile, une durée de treize ans, qua-
torze ans peut-être. C’est bien peu. De là l’extrême rareté des œuvres de
Brauwer. Sans doute, on en voit partout dans les catalogues ; sans doute,
l’hôtel Drouot, ce temple des illusions, s’imagine qu’il vend des Brauwer,
mais ce sont-là des prétentions chimériques. Les peintures du maître
sont presque aussi rares que celles de Léonard de Vinci. En cette ma-
tière, le scepticisme est de rigueur.

On comprend, en outre, que la saison laborieuse ayant été renfermée
entre deux dates très voisines, Brauwer ne peut nous offrir le spectacle
d’un changement dans sa manière. Pour se modifier, il faut du temps.
Ici, le commencement et la fin se ressemblent, parce qu’ils se touchent.
Burger a voulu cependant distinguer deux périodes dans la vie et dans
l’œuvre du peintre. La première, qu’il considère comme hollandaise,
s’étend des débuts à Harlem jusqu’à la réception du maître dans la
gilde d’Anvers; la seconde, plus ou moins flamande, serait comprise
entre 1631 et l’enterrement aux Grands-Carmes. Notre ami, dont
nous avons cité les paroles, déclare même qu’il préfère la première
manière de Brauwer à la seconde. Élève de Frans Hais, l’artiste serait
pétillant d’esprit et peindrait dans des colorations fauves et dorées;
associé à l’École d’Anvers, il aurait moins de brio, il serait moins
fort.

Tout cela est grave. Au début de ce travail, j’ai posé une question
indiscrète : connaît-on des Brauwer qui ressemblent à des Frans Hais?
Mariette, consulté, déclare qu’il n’en a jamais vu; mais Burger était tout
à fait affirmatif sur ce point, et c’est lui qu’il faut entendre lorsqu’il
s’agit de la première manière de Brauwer. Ici, le tableau significatif, et
d’autant plus curieux qu’il porterait une date, est celui de la collection
du baron Steingracht, à la Haye. Burger attribue à cette composition un
intérêt capital, et il la décrit avec l’entrain d’une admiration sans mesure.
 
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