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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lenormant, François: Deux nouveautés archéologiques de la Campanie, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0128
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’époque samnite, représente la même divinité assise sur son trône,
tenant une grenade et une colombe, tandis qu’une petite figure humaine,
debout devant elle, lui offre une libation. Il s’agit donc d’une déesse
xoupoxpocpcç ou nourricière, qui présidait à la fécondité de la production
animale et végétale, et qui, par une association d’idées qui se repro-
duit pour toutes les déesses chthoniennes du paganisme, pouvait prendre
dans certains cas une physionomie infernale et, à ce titre, être figurée
dans les tombeaux. Mais, quoi qu’en ait dit M. von Duhn, ce dernier
côté de la nature reste toujours secondaire, subordonné à l’aspect de
divinité génératrice. Telle était la déesse Feronia, dont le temple, à
Terracine, a présenté les débris d’un certain nombre de statues votives
analogues à celles de Gapoue.

Plusieurs inscriptions en langue osque, gravées sur des plaques de
terre cuite, ont été trouvées parmi les décombres du temple du Fondo
Patturelli1 2. Elles contiennent des dédicaces à trois divinités différentes
qui y étaient adorées en même temps : lovei Flagiid, c’est-à-dire à un
Jupiter Flagius; Dioviai Dmnuse, à une déesse dont le nom, sous sa
forme latine, serait Jovia Damusa; enfin Vesoliai deiviai. Les deux
déesses Jovia Damusa et Vesolia sont ensuite traduites en Juno Lucina
et Venus Genetrix dans les inscriptions latines de Gapoue de la fin de la
République et du temps de l’Empire. Sur six confréries ou collegin que
Capoue comptait à l’époque impériale, trois portaient les titres Jovia
Compagis, Cereris et Veneris Joviae-, d’après les divinités sous la pro-
tection desquelles elles se plaçaient; c’est encore bien évidemment une
autre traduction de nos vieilles divinités osques; Jovia Damusa a été seu-
lement cette fois assimilée à Cérès, au lieu de l’être à Junon Lucine. Cette
traduction était la plus ancienne, celle qui remontait aux premières ten-
latives d’assimilation entre la vieille religion locale et les personnages de
l’Olympe hellénique, connus de très bonne heure en Campanie par les
contacts journaliers avec Cumes. Aussi Cérès resta-t-elle toujours une
des plus grandes divinités de la cité. Sa tête apparaît fréquemment sur
les monnaies locales à légendes osques. Encore à l’époque impériale
romaine, comme nous l’apprenons par les inscriptions, des magistri
administraient son temple, et son sacerdoce était un honneur très recher-
ché des femmes de l’aristocratie campanienne. Keri arentika, c’est-à-dire
« Cérès vengeresse », apparaît comme la déesse des morts dans l’impré-

1. Elles ont été publiées dans 1 ’Ephemeris epigraphica de Berlin.

2. Les trois autres étaient nommés Castoris et Pollucis (si toutefois l’inscription
qui en parle est authentique), Dianae et Spei Fidei Fortunae.
 
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