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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Lenormant, François: Deux nouveautés archéologiques de la Campanie, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0127

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DEUX NOUVEAUTÉS ARCHÉOLOGIQUES DE LA CAMPANIE. 119

le raffinement de l’interprétation symbolique que de chercher dans les
statues de tuf de Capoue autre chose qu’une déesse de la maternité,
qu’elles représentent si naturellement et si manifestement. Dans l’expli-
cation des monuments antiques, le simple et le direct est toujours le
vrai. Si l’on a trouvé dans des tombes de Cbiusi et de Pæstum (fait qu’in-
voque le savant allemand dont je combats l’opinion) des figurines de
terre cuite représentant une déesse matrone ou une déesse juvénile allai-
tant un enfant, ce sont incontestablement : dans le premier cas, Deméter
Kourotrophos ; dans le second, Perséphoné avec le petit Iacchos, deux
divinités dont le rôle mythologique suffit à expliquer la présence dans
les sépultures, sans qu’on ait besoin de se « matagraboliser le cerveau »,
comme disait Rabelais, pour voir l’âme du mort dans l’enfant qui les
accompagne.

Nous avons, d’ailleurs, une preuve formelle de ce que les statues de
tuf dont nous parlons n’étaient en aucune façon funèbres, sans même
nous arrêter à relever l’erreur matérielle de M. von Dulin, disant que
le temple du Fondo Paturelli s’élevait « au beau milieu de la nécropole
de Capoue », comme le sanctuaire de la divinité qui y présidait. Trois
de ces statues portent à leur base des inscriptions latines du temps de
l’Empire, lesquelles mentionnent des vœux faits par des matrones. Elles
avaientdonccertainementle caractère d’ex-votoprosusceptaproie, comme
s’exprime une inscription de Capoue de l’ère impériale, dédiée à Vénus
Genetrix, inscription qui paraît bien authentique, bien qu’elle ne soit
connue que par une source trop souvent suspecte, le livre de Pratilli
sur la Voie Appienne. Et le nombre des enfants que, dans ces figures, la
déesse tient sur ses bras doit correspondre au nombre de ceux que la
matrone dédicatrice avait eus réellement et dont elle attribuait la nais-
sance à la protection de la divinité.

Dans quelques-unes de ces statues de tuf, quand la déesse ne porte
qu’un seul enfant, elle tient de l’autre main un fruit, un porc ou un
oiseau1 ; une fois même, dans une figure plus grande que les autres (elle
a l'",50 de haut), elle a une grenade dans une main et dans l’autre un
fœtus de quadrupède encore enveloppé dans son placenta2. Une peinture
murale, découverte en 1878 dans un tombeau de Capoue datant de

1. La présence de ces attributs, qui appartiennent incontestablement à la déesse,
repousse l’opinion de M. Beloch, d’après laquelle les statues votives auraient été des
représentations iconiques des matrones qui les dédiaient.

2. La nature de cet attribut est certaine; un examen attentif m’a permis de le
constater. Mais tous ceux qui ont parlé jusqu’ici se sont mépris à son sujet. Les uns y
ont vu un pain; les autres, une tête de porc.
 
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