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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0150
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LA MOSAÏQUE DE SAINT-JEAN DE LATERAN.

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persiste, il y a certitude de restaurations récentes, le fait nous ayant été
affirmé par un mosaïste dont le père a travaillé à la figure, il y a moins
de soixante ans.

En résumé, nous écartons l’hypothèse du vie siècle, et nous inclinons à
penser que le type actuel a été composé par Torriti. Le maître était de
force à tenter un pareil travail, il l’a prouvé tant à Saint-Jean que dans
sa belle mosaïque de Sainte-Marie Majeure; mais, par respect pour la
tradition, il a commis un pieux mensonge, et a déclaré qu’il avait simple-
ment et par ordre de son pape replacé la mosaïque intacte au lieu où
elle apparut.

Il faut savoir gré à tous ceux qui ont touché à la figure depuis le
xivc siècle, de n’en avoir pas trop dénaturé la physionomie et le carac-
tère; on ne ressent point, en effet, dans la basilique de Saint-Jean, la
pénible impression que procure la vue de la mosaïque du Triclinium du
palais de Lateran, transporté sur la place, en 1743, par l’incapable Cris-
tofoni, ou le désappointement plus grand encore que donnent les restau-
rations modernes dans Saint-Marc de Venise.

VI

Si maintenant nous étudions dans la mosaïque de Saint-Jean la
technique, c’est-à-dire la pratique matérielle de l’art du mosaïste, nous
y trouvons d’utiles renseignements.

Cette technique comprend la dimension des figures, les smaltes et le
ciment, et enfin le procédé. Sans doute la dimension des figures est
avant tout l’œuvre de l’auteur du modèle, mais au xive siècle c’est encore
le mosaïste qui compose; ce n’est qu’à la Renaissance qu’il est relégué
au rang d’un modeste collaborateur, d’une sorte de praticien que la gloire
du maître éclipse, quand ce maître est le Titien à Venise et Raphaël à
Rome. Nous osons le dire, à cette époque où le mosaïste n’est plus le
chef absolu du travail qui lui est confié, la mosaïque, quelle que soit la
perfection des modèles, 11’est plus le grand art décoratif par excellence ;
elle abandonne la grandeur et le calme quelle tirait de sa sincérité, elle
se préoccupe déjà de reproduire les tons de la palette du peintre et le
modelé des figures peintes. Aussi, quoique les travaux des Zuccati à
Venise soient en partie d’après le Titien et le Tintoret, et la chapelle
Cliigi à Sainte-Marie du Peuple d’après Raphaël, ces ouvrages sont, au
point de vue décoratif, bien inférieurs aux compositions de Torriti, de
Gaddo Gaddi et de Cavallini.
 
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