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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Gerspach, Edouard: La mosaïque absidale de Saint-Jean de Lateran
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0149

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

deux exceptions, rien de ce qui concerne les dates ou les origines, ne
peut se prouver par la couleur et la dimension des smaltes. La pre-
mière exception porte sur l’usage du fond d’or, l’autre sur le pourpre,
que Matteoli trouva vers la fin du xvn° siècle, et qui est incomparable
comme intensité et chaleur de ton. Pour démontrer cette vérité que
c'est une illusion de chercher la date d’une mosaïque par le moyen des
smaltes, il n’est pas nécessaire d’exposer les nomenclatures de couleurs,
il suffit d’expliquer comment s’accomplit le travail dans un atelier de
mosaïque.

Lorsque l’atelier organise sa provision de smaltes, sa munition, comme
disent les Italiens, on ne peut jamais déterminer exactement la quantité
de chaque couleur qui sera nécessaire à l’ouvrage qu’on va entreprendre ;
on enfourne plus ou moins de matière, plutôt plus que moins, et après
la fonte on met en magasin l’excédant et les tons mal venus ou faux ;
d’un autre côté, quand on restaure une mosaïque, on se garde bien de
jeter les anciens smaltes, on se contente de les gratter pour en chasser
le ciment, et, séance tenante, on les applique dans la restauration, ou bien
on les envoie au magasin, à .côté des smaltes neufs. Ainsi, même après
quelques années d’existence et à la suite d’une seule restauration, un
atelier de mosaïque a forcément une réserve de smaltes, et la réserve
s’augmente à chaque fonte et à chaque restauration ; sauf les cubes pour
fond d’or, tous les autres sont incorruptibles, ils peuvent être accumulés
sans danger pendant des siècles. Lorsque le mosaïste se met à l’ouvrage,
il puise, sans y regarder de trop près, dans sa munition ou dans celle
du marchand dont 1’approvisionnement a été fait de la même façon ; le
mosaïste est économe, comme on l’a toujours été en Italie, et, avant de
fondre à nouveau, il se sert de ce qu’il a, sans se soucier de l’origine.
C’est ainsi que l’on a toujours opéré pour la mosaïque décorative, que
l’on opère encore dans les établissements bien organisés, et c’est ce qui
explique que dans les mosaïques du xix' siècle, par exemple, on peut
retrouver des smaltes provenant d’ouvrages du xive siècle, et dans les
ouvrages du ve siècle, des matériaux des siècles postérieurs.

Ainsi, ni par les inscriptions et les textes, ni par le caractère de la
physionomie, ni par la barbe, qui joue un si grand rôle dans les visages
du Christ, ni par les smaltes, on ne peut déterminer d’une façon absolue
l’origine de la figure du Sauveur. Elle a été successivement transformée;
en 1663 le pape Nicolas VII fit restaurer la mosaïque, et c’est alors sans
doute qu’on reprit les joues et le nez, car ils sont modelés comme l’usage
en commençait ; les cheveux et la barbe ont été refaits précédemment
par la même main, peut-être celle de Torriti ; enfin, malgré la légende qui
 
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