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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0161
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ANTIQUITÉS ET CURIOSITÉS DE LA VILLE DE SENS. 151

un sens l’heureuse cause de la construction de l’admirable salle synodale.

Sens n’a pas manqué de grands orfèvres ; après les deux que nous
avons rappelés, Odoranne, un chanoine de Saint-Pierre-le-Vif, qui nous
a laissé une Chronique intéressante, fut chargé en 1006 par le roi Robert
et la reine Constance d’exécuter deux châsses, en argent et en or, poul-
ies reliques de saint Savin et pour celles de saint Potentien. Du reste, on
ne peut pas écrire ici un chapitre des trésors perdus et détruits; il serait
trop long.

Cette table d’or de Saint-Etienne, dont on trouve dans le livre de
M. du Sommerard le père une lithographie d’après un dessin du
xviiic siècle, le Chapitre l’a fait porter à la Monnaie en 1760 pour la
vendre. Il est singulier de penser qu’une pièce publiée dans le Bulletin
de la Société de Thistoire de France (années 1851-52) montre Fran-
çois 1er envoyant en 1537 des commissaires pour faire finance d’une table
d’or étonnante; les chanoines la montrent à leur corps défendant, maison
croyait à l’existence d’une autre ; on ne trouve pas celle-là assez précieuse,
et l’on passe. Le xvnP siècle l’a trouvée plus tard assez bonne pour
la fondre. Pour la rançon de François Pr, on a vendu un calice d’or
1,700 ducats. Le Père Guichard nous apprend qu’en 1596 on vendit à
Paris, avec plusieurs autres joyaux, un pupitre ou lutrin d’argent donné
en 1295 par l’archevêque Etienne Béquard. Une estimation du siècle
dernier donnait une valeur de A0,000 livres à la couverture disparue
du manuscrit des Évangiles du Trésor, qui servait aux intronisations des
archevêques, et dont la description tient plus d’une page dans l’inven-
taire de 1653.

On le voit, ce qui est perdu, ce qui vaudrait aujourd’hui un prix
inouï, était à tous égards incomparable. 11 nous faut nous rabattre
sur ce qui n’a été sauvé que pour avoir été méprisé, et ce qui subsiste est
encore pourtant bien considérable.

Les plus anciennes choses du trésor sont des ivoires. Nous avons vu,
à la Bibliothèque, le « livre, long et estroict, couvert de deux plaques
d’ivoire figurées en bosse, bordé tout à l’entour de lames d’argent dont
il y a quelques morceaux perdus, ledit livre appelé vulgairement le livre
des Folz », mais il était autrefois au trésor, et ce qu’on vient de lire est
l’article du vieil inventaire. La cathédrale, qui l’a perdu, possède encore
un autre ivoire antique taillé sur la partie creuse d’une défense d’élé-
phant. Il représente, et dans le même sentiment, des sujets de chasse
aux bêtes fauves, si fréquents dans les reliefs de la poterie rouge qu’on
a si longtemps dite samienne, alors qu’elle est beaucoup plus souvent
locale et toute provinciale. On peut voir, dans le dessin de M. P. Laurent,
 
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