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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0160

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150

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

doit pas laisser la nouvelle absolument transparente. Si l’on regardait
l’édifice, on redescendrait. Entrons et fermons la porte. Il y a là de quoi
retenir.

Malgré ses pertes, le trésor est encore riche. Rien de si simple à Sens.
Jusque sous Louis XIII, où l’on a fini par arriver à faire de l’évêché de
Paris un archevêché, Sens était la tête et la grande capitale ecclésiastique
de toute une partie de la France. En 1622 on la réduisit à n’avoir plus
pour suffragants que Troyes, Ne vers et Auxerre, mais pendant tout le
moyen âge elle avait eu, pour suffragants, Chartres, Auxerre, Troyes,
Ne ver s, Orléans, Meaux et Paris. Elle prétendait à la primatie des Gaules
et de Germanie, dont Jean VIII lui accorda le titre en 875, et, malgré le
triomphe de Gébuin, qui réclama et obtint au xt° siècle de Grégoire VU la
restitution du droit de la primatie lyonnaise, la question resta toujours
litigieuse ; pendant des siècles elle a fait couler des flots d’encre et en-
tassé des montagnes de parchemins et de papiers. Au point de vue des tré-
sors de la cathédrale de Saint-Etienne, la richesse suivait l’importance.

M. Julliot a imprimé, en 1877, l’inventaire de Saint-Étienne et celui
de l’abbaye de Saint-Pierre-le-Vif, faits en 1653 et en 1660. Nous n’en
avons aujourd’hui que des épaves; il a fallu que les trésors de Conques
et de Saint-Maurice d’Agaune, si bien étudiés et dessinés par M. Darcel
et par M. Aubert, fussent perdus dans les montagnes de l’Aveyron et
dans les Alpes pour avoir subsisté. Ils ont été sauvés, comme par hasard,
parce qu’ils étaient inconnus; Sens, Saint-Denis, Paris étaient trop au jour
pour ne pas être ruinés et mis en coupe réglée.

On connaît au Musée de Cluny la table d’or de l’autel de Bâle. C’est
une merveille aujourd’hui; elle était autrefois fort petite et fort misé-
rable. Qu’était-elle auprès des deux tables d’or de Saint-Étienne? L’une,
œuvre de Bernelin et Bernuin, chanoines de Sens, avait cinq pieds de
haut sur dix de large. Elle représentait Dieu, assis en majesté et por-
tant un livre dans la main gauche; des deux côtés, la Vierge et saint Jean
l’Évangéliste, l’histoire du protomartyr Étienne, et, aux quatre angles, les
animaux, symboles des quatre Évangélistes. Elle était ornée de pierres
précieuses, fermée sous trois clefs, et ne se montrait qu’aux deux fêtes
de saint Étienne. L’autre était aussi un don de Sévin, archevêque de Sens
de 977 à 999, qui fit la dédicace de l’église antérieure la sixième année
de son archiépiscopat, trois jours avant les nones d’octobre. Geoffroy de
Courlon, dans sa Chronique, nous apprend qu’il fit « placer devant l’au-
tel de saint Étienne un retable d’or et d’argent, qui fut plus lard vendu
pour élever devant la grande église une tour d’une hauteur étonnante et
fameuse ». Il s’agit de la tour écroulée en 1267, et dont la chute fut en
 
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