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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0168
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

n’v a pas à faire de restauration, mais seulement une simple consolida-
tion, qui serait bien nécessaire.

Il n’y a rien à dire ici d’une autre boîte d’ivoire, ronde et à dessins
repercés à jour, qui est de travail arabe, si ce n’est que Millin a donné
la traduction de son inscription, faite par M. Silvestre de Sacy. Il en est
autrement du fameux Peigne de saint Loup, qui a été si souvent dessiné
et gravé. L’excellente eau-forte de notre ami Paul Laurent, publiée clans
la précédente livraison, nous dispens d’une description, et nous n’indi-
querons, à côté d’elle, que la planche en couleur de Gaussen, parce
qu’elle représente l’autre côté, celui où n’est pas l’inscription ajoutée au
xuic siècle sur un demi-cercle d’argent doré : pecten s. lupi.

La question des peignes conservés dans les trésors d’église a été trai-
tée plus d’une fois : par Ducange au mot Pecten, par Macri dans son
Hierolexicon} par M. D’Arboisde Jubainville dans l’ouvage de Gaussen,
par le P. Cahier dans les Nouveaux Mélanges d’archéologie, par
MM. Bretagne et Renier Ghalon dans le Bulletin monumental (XXVII et
XXXVIII), et il serait trop facile de rendre interminable une liste de ren-
vois à des livres, à des églises et à des collections ; bornons-nous,
à cause du voisinage, à celui plus simple et du même temps qui est con-
servé à Auxerre, et à celui du Musée de Cologne, parce qu’il en a été
question dans la Gazette (2e série, XIII, A06). Qu’il suffise ici de rappeler
que ces peignes n’étaient nullement des ustensiles de toilette, mais des
peignes officiellement ecclésiastiques et cérémoniaux. Ducange a cité un
legs fait à une église, en 837, d’un ciboire et d’une croix d’or avec un
peigne d’or, et il a d’autres citations de peignes d’ivoire, toujours avec
des objets sacrés. La longueur et l’espacement des dents les rendent
absolument impropres à un service utile, et le peigne de saint Gozlin, qui
était autrefois à Bouxières-les-Dames et qu’on a vu à l’Exposition rétrospec-
tive de Nancy (en 1875), avait la consécration d’un dicton populaire :
ceux qui avaient les cheveux mal en ordre s’étaient peignés avec le
peigne de saint Gozlin. Dans le symbolisme de l’ancienne liturgie, et
sans avoir besoin de l’explication souvent forcée du Rational de Guil-
laume Durand, qui dit que les dents signifient la discrétion, le prêtre
montant à l’autel se peignait, ou plutôt en faisait le simulacre, dans le
sens à la fois physique et moral de l’idée de décence et de pureté. A
partir du xvie siècle, le peigne ne figure que dans le sacre des évêques,
où il est devenu un peigne d’ébène dans le Pontifical de Clément VIII;
mais dans l’Église grecque et orientale, où le port des longs cheveux et
de la barbe s’est maintenu, l’usage s’en est conservé, et le peigne reste
déposé sur l’autel.
 
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