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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 2
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0169

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ANTIQUITÉS ET CURIOSITÉS DE LA VILLE DE SENS. 159

Pour celui de saint Loup, qui, avec ses lions et son arbre, est d’es-
prit, sinon même de travail byzantin, le travail de filigrane et la sertis-
sure des pierres, comme la réparation des dents, sont postérieurs, et ont
été ajoutés lorsqu’il était déjà honoré à l’état de souvenir et de relique.
Une des pierres manque; l’inventaire de 1653 en constate déjà la perte,
et ce n’est pas le seul exemple de semblables peignes raccommodés. Dom
Calmet nous apprend qu’aux deux peignes d’ivoire conservés de son
temps à la cathédrale de Metz, on avait remis en argent celles des dents
qui s’étaient perdues.

Le peigne de saint Gozlin passait pour guérir de la teigne; une
autre relique de saint Loup conservée dans le Trésor de Sens passait
pour guérir les maladies des yeux. C’est un bel anneau, d’or très pur,
garni d’un gros saphir en cabochon qui, comme le dit l’historien de Sens,
Rousseau, est « enclavé entre deux figures de barbeaux », maintenant
très usées, qui sont plutôt des têtes de dragons accompagnées de quatre
griffes. Il est gravé dans le Dictionnaire du mobilier de Viollet-Le-
Duc, III, 21.

Du reste, saint Loup, qui a été archevêque de 612 à 623, a laissé
toutes sortes de souvenirs à Sens, qu’il aimait profondément et dans l’in-
térêt duquel il s’entremettait volontiers. La Légende dorée de Jacques
de Voragine a raconté là-dessus une historiette amusante. Le roi Clo-
taire, apprenant que les cloches de Saint-Étienne de Sens avaient une
merveilleuse harmonie, donna l’ordre de les apporter à Paris pour avoir le
plaisir de les y entendre souvent. Cela déplut au saint; quand elles furent
hors de la ville, elles perdirent la douceur de leur son. Le roi, sachant
cela, ordonna de les restituer à saint Loup, et, lorsqu’on les rapportait à
Sens, sept lieues avant d’arriver, le son qu’elles avaient perduleur revint.

Comme, si les voies romaines existaient encore, on ne les entretenait
plus guère, il est probable de toute façon que les cloches n’étaient pas bien
grandes et n’avaient pas encore des voix de bourdon. On ne peut, à
propos d’elles, s’empêcher de penser aux gémissements des Sénonais et
de les comparer à ceux des Parisiens quand Pantagruel voulut accrocher
au cou de sa jument la grosse cloche de Notre-Dame.

La bague de saint Loup nous amène à l’orfèvrerie. Le trésor a de
beaux calices en vermeil du xvir et du xvm' siècle, qui n’ont rien
d’exceptionnel ; mais la perle en ce genre est le grand calice du
xnp siècle, qui a été souvent gravé, et que le dessin de M. Laurent,
d’une exactitude et d’une vérité de caractère bien remarquables, met abso-
lument sous les yeux de nos lecteurs, avec sa merveilleuse pondération
et la grasse souplesse de sa tournure magistrale. Dans la simplicité
 
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