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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0267
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Le second parement d’autel est une Adoration des Mages, dont le
croquis de M. Laurent, en tête de page, donne une idée très juste. Au
centre, la Vierge, en robe rouge et en manteau bleu, assise sur un trône.
A sa gauche, deux des rois Mages, l’un plus simple et debout, l’autre age-
nouillé, très richement vêtu, tenant de la main gauche un chapeau rouge
et dont le badelaire à fourreau vert est suspendu à une grande chaîne
passée en bandoulière, offrent chacun un vase; derrière eux, un homme
à gros ventre et deux soldats. A gauche, un donateur agenouillé, tête
nue et à longue barbe; à ses pieds, son chapeau bleu entouré d’une
couronne fleurdelisée. Derrière lui, un jeune homme debout très élé-
gamment habillé, en manteau bleu et à chausses vertes, a aussi une fleur
de lis sur son chapeau ; il semble écarter de la Vierge le roi noir Jaspar
à demi agenouillé derrière lui. La bordure, qui est d’une seule pièce
cousue à la tapisserie, offre les armes d’un cardinal de Bourbon, de
France au bâton de gueules posé en bande sur le tout, surmonté du
chapeau cardinalice, dont les fiocchi ont vingt houppes sur six rangs, et
de la croix métropolitaine posée en pal. Dans les deux montants latéraux
se voit un dextrochère à manipule, tenant une épée à lame ondoyante,
entourée de scintilles de feu, qui est accompagnée des lettres CHS et
de la devise bien connue N’ESPOIR NE PEUR. Le cardinal de Bour-
bon, archevêque de Sens de 1535 à 1557, s’appelait Louis, ce qui ne
convient pas aux trois lettres. Celles-ci, qui paraissent d’abord être IIIS,
— et l’on a bien pu vouloir côtoyer la ressemblance avec le monogramme
Jhésus, — sont bien CHS, qui donne Charles. Le plus célèbre car-
dinal de Bourbon est Charles, beau-frère d’Anne de Beaujeu, mort en
1488, dont les armes, l’épée et la devise, les mêmes que celles de notre
tapisserie, se voyaient dans la chapelle qu’il avait construite en 1440
dans l’église Saint-Jean de Lyon ; mais, outre que la tapisserie n’est pas
si ancienne, comme il était archevêque de Lyon, il était, par là même,
sinon hostile à Sens, tout au moins indilférentà son endroit. Par contre,
il y a un second Charles de Bourbon, né en 1520, oncle de Henri IV et
qui eut plus tard la sottise de se laisser proclamer roi sous le nom de
Charles X. Comme il était fils de Charles de Bourbon, quatrième comte
de Vendôme, tandis que Louis, l’archevêque de Sens, était fils du troi-
sième, il en résulte que notre tapisserie serait un cadeau de l’archevêque
de Rouen à son oncle l’archevêque de Sens. Seulement la tapisserie
niême, à laquelle la bordure peut bien avoir été ajoutée, est antérieure.
Les fleurs de lis des coiffures des deux personnages ajoutés à la scène
des trois rois conviennent à la famille de Bourbon-Vendôme, mais
on voit sur les vêtements de deux personnages un détail qu’il faut
 
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