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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Montaiglon, Anatole de: Antiquités et curiosités de la ville de Sens, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0268

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255

ANTIQUITÉS ET CURIOSITÉS DE LA VILLE DE SENS.

signaler. Sur la cuisse et la jambe droite de l’élégant jeune homme,
debout à gauche, une bande en spirale est accompagnée de filets de
sang, et sur la chausse de sa cuisse gauche sont figurées cinq éponges avec
des gouttes et des filets de sang qui descendent jusqu’au pied. De plus,
sur la cuisse gauche d’un des soldats, une éponge est supportée par un
demi-vol et accompagnée de filets de sang qui atteignent le genou. 11
est probable que c’est l’éponge de la Passion, d’où s’échappe le sang des
plaies du Christ, mais un emblème aussi particulier n’a pas été mis là
sans intention. Cela se rapporte-t-il à une association en l’honneur du
saint sang? Est-ce, au contraire, une sorte de devise particulière et per-
sonnelle? Si on la rencontrait ailleurs, elle indiquerait peut-être le
personnage antérieur et différent pour lequel la partie du sujet aurait été
originairement faite. En tout cas, elle est du commencement du xvi° siècle
et de goût flamand, surtout dans les têtes et par la manière de
faire paraître des visages à une petite fenêtre. L’enfant nu est très laid ;
mais les têtes du jeune homme et de la Vierge sont dignes de la tapis-
serie dont nous allons parler, et certaines autres parties sont tout à fait
dans le même esprit : ainsi le vêtement chargé de pierreries et la robe
bleue à reflets du gros homme de droite.

La plus belle tapisserie a un sujet très particulier, la réunion de
deux triomphes féminins accompagnant celui de la Vierge. Les légendes
en français : SALOMON — BERSABÉE, et RESTER — ASSÜÈRE, nous
indiquent les deux sujets, qui, sans s’y rapporter comme symbolisme
formel, sont des couronnements humains à côté du couronnement divin
de Notre-Dame, encadré de chérubins rouges et bleus. Comme un
concert d’anges musiciens qui en est maintenant séparé en vient cer-
tainement et en formait la base, — car on ne les aurait pas mis au-dessus
de la tête de la Vierge, — le sujet du milieu était plus haut que les côtés.
11 suit de là que ce parement d’autel, qui a 3"',68 de largeur, était em-
ployé non comme antependium, mais était posé sur l’autel même et
derrière les cierges, où il figurait une sorte de retable.

C’est le sujet central qui est le moins heureux, et les figures divines
du Père et du Fils sont bien au-dessous de celle de la Vierge. Avec le
sentiment naturaliste de l’école du xvc siècle cela est naturel ; les cos-
tumes réels et les têtes-portraits l’emportent sur le sujet d’invention.
On voit bien souvent cette même différence dans les triptyques du même
temps, où la scène religieuse centrale est, malgré son importance, si
inférieure aux donateurs, agenouillés sur les volets, qu’on serait disposé à
voir deux mains là où il n’y en a qu’une. Mais le couronnement de Beth-
sabée par son fils Salomon, et l’Esther aux pieds d’Assuérus, qui va la
 
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