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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 3
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Havard, Henry: Les derniers concours de la ville de Paris
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0292
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LES

DERNIERS CONCOURS DE LA VILLE DE PARIS

N sait_que, depuis un an, le conseil municipal de Paris est
entré dans la voie des concours. Nos édiles paraissent ferme-
ment résolus à recourir désormais à ce seul moyen pour la
décoration de nos édifices. C’est là une grosse révolution,
contre laquelle on a protesté par la voix et par la plume. Des
torrents d’encre ont déjà coulé sans éclaircir beaucoup la
question. Les favoris de l’administration, qui jusque-là obte-
naient leurs commandes sans autre fatigue que quelques sol-
licitations, se sont déclarés lésés dans leurs droits sacro-saints. On s’est rébellionné
contre cette nouveauté, qu’on a qualifiée de dangereuse. D’illustres opinions ont été
invoquées, on a mis de grands noms en avant, et l’on s’est plu à annoncer l’abstention
en masse de tous les artistes de quelque valeur, sans se souvenir que les maîtres les
plus célèbres de la Renaissance, Brunelleschi, Ghiberti, Michel-Ange, Léonard de
Vinci, Paul Véronèse, Salviali, Schiavone, Zuccaro, le Tintoret et tant d’autres,
n’avaient pas dédaigné de concourir, et que dès lors c’était faire parade d’une infa-
tuation singulière que de se refuser, par amour-propre, aux risques d’un concours.

Malgré cela, le conseil municipal a tenu bon, et il a eu raison. Non pas que dès
maintenant la question soit tranchée et que son nouveau mode de procéder ait porté
tous ses fruits; mais l’expérience vaut la peine d’être tentée, et d’ici dix ans nous sau-
rons à quoi nous en tenir sur les résultats qu’on en peut attendre. Du reste, ces petites
solennités, telles qu’elles sont organisées par la ville de Paris, auront au moins produit
cet heureux effet d’intéresser vivement le public parisien à la décoration de ses mo-
numents et de tenir en éveil sa fibre artistique.
 
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