Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Havard, Henry: Les derniers concours de la ville de Paris
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0294
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LES DERNIERS CONCOURS DE LA VILLE DE PARIS. 281

uno note bien décisive. Avec les modernes au moins, à défaut d’élégance et de grâce,
on a ia clarté ; avec les allégoristes, on nage dans un doux amphigouri.

M.'Monchablon a certes fait preuve de beaucoup de soin et de science dans la suite de
ses compositions antiques; si sa couleur est faible et maladive, son dessin est excellent;
mais quel mal faut-il se donner pour deviner ce que ses compositions signifient! Les
scènes représentées parM. Monchablon appartiennent à un monde imaginaire, à une
société conventionnelle, où les personnages no sont pas vêtus mais drapés, où les gestes
s’équilibrent, où les poses sont symétriques, où les génies demi-nus se mêlent aux
actions des hommes. Qu’est-ce que la vie municipale peut avoir à démêler dans un
pareil milieu ?

J’aime mieux la conception de M. Emile Lévy, et je ne suis point surpris que le jury
ait primé le projet de cet aimable artiste. On connaît les qualités élégantes et gra-
cieuses de M. E. Lévy. Ce sont ces mêmes qualités qu’il déploie dans la suite de
scènes gallo-romaines qu’il expose. Peut-être bien est-ce de l’archéologie préhistorique
que cette restitution de l’existence municipale en un temps où elle n’existait pas ;
mais, en sortant de contempler ces sombres tableaux que nous décrivions tout à l’heure,
on sait gré à M. E. Lévy d’avoir fait ;de la vie civile une églogue, quoiqu’il eût pu
certainement en faire quelque chose de plus grand.

M. Herpin, qui n’est ni un réaliste ni un allégoriste, mais un paysagiste de beau-
coup de mérite, a eu une idée ingénieuse et neuve. Il s’est dit que la meilleure façon
de décorer un hôtel de ville, c’était de couvrir ses murailles de vues empruntées au
quartier. Fort de cette pensée, M. Herpin a mis à contribution les Buttes-Chaumont,
la rue de Flandre , les anciens bâtiments de l’octroi, lo port de la Villette, et il a tiré
de ces vues parisiennes de fort beaux paysages, qui lui font le plus grand honneur.
Malheureusement le jury n’a pas pensé que ces paysages, démesurément grandis, pus-
sent fournir un motif suffisant de décoration. 11 a repoussé le projet de M. Herpin,
comme aussi les esquisses de M. Albert Girard, qui, inspiré par la même idée, avait
tiré du Père-Lachaise, des Buttes-Chaumont, de la vue de l’école communale et de la
mairie du XIXe arrondissement, une série de pages agréables, mais qui, plus claires et
plus réelles que les paysages de M. Herpin, n’en avaient ni la douce poésie ni la mys-
térieuse profondeur.

Voilà quels sont les ensembles de décoration qui nous ont le plus frappé dans la
partie du concours relatif à la mairie du XIX0 arrondissement, passons maintenant au
11° arrondissement.

C’est également la salle des mariages qu’il s’agit de décorer ici; mais le programme
est infiniment moins vaste, et l’on ne demande, cette fois, aux concurrents que trois
tableaux de dimensions réduites. Particularité intéressante et, je dirai plus, caracté-
ristique, il semble qu’en changeant do terrain les artistes aient obéi à des préoccupa-
tions différentes. Pénétrant dans un quartier plus aristocratique, ils ont cru devoir
s’appliquer à choisir des sujets plus distingués; aussi les allégories et les réminiscences
archaïques tiennent-elles une place beaucoup plus vaste dans ce concours que dans le
précédent.

Lo premier rang parmi ces projets nouveaux appartient à M. Moreau, de Tours,
qui, pour ses trois tableaux, la Famille, le Mariage et le Sacrifice à la -patrie, s’est
inspiré de l’histoire de la vieille Gaule. Un grand sentiment de la couleur locale, des
qualités solides de facture, un accent très personnel recommandaient M. Moreau à
'attention du jury, qui, du reste, n’est pas resté insensible à son mérite.

XXI. — 2° PÉRIODE.

3G
 
Annotationen