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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0404
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386

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

conduite de ce grand ouvrage, une des conditions qu’il requit à Sa Sainteté
fut que l’on travaillerait à la journée, qu’autrement il ne s’en mêlerait pas;
que Sa Sainteté la lui accorda, et de fait qu’il n’y a eu que ce qui a été con-
duit par lui qui ait été bien maçonné ; que d’alléguer que le mur que con-
struisent les Italiens sera trop long à sécher, c’est une mauvaise raison, pour
ce qu’avant que gli conci, qui sont les moulures d’architecture, soient taillées,
la maçonnerie aura tout loisir de sécher; qu’il y a à tailler pour deux ans,
avant que l’ouvrage puisse presser ; ainsi qu’il aura loisir de sécher. Je lui ai
dit, changeant de discours, ce que j’avais entendu, il y avait deux jours, au
souper du Roi, ce que m’avaient dit le jeune M. deNiert etdePrincé, exempt.
11 m’a répondu, comme j’avais fait moi-même. A l’égard de ce buste, il m’a
dit qu’il n’en avait jamais ouvert la bouche, qu’il aurait parlé contre sa pen-
sée, que le Roi avait la distribution des trois parties du visage fort belle, celle
du front, du nez et de la bouche; que ses yeux étaient un peu morts, mais
que cela n’importait pas à la sculpture ; qu’il ne les ouvrait guère, que sa
bouche changeait souvent, ce qui faisait que quelquefois il était longtemps à
regarder le Roi pour prendre l'acte qui siérait le mieux; qu’au sujet de ce
qu’avait dit M. de Niert, que le Roi avait entendu lui-même ce qu’il avait
dit ; qu’à confesser la vérité, il ne pouvait louer tous ces vases d’argent et ces
chandeliers de cristal ; qu’il aurait pu dire au Roi que les dames de Rome
auraient affolé, si elles avaient vu tout cela, mais que c’eût été pis que ce qu’il
dit quando vene délia genle, etc.1; qu’il eut souhaité au Roi, au lieu d’être
entouré de tant de jeunesse, qu’il y eût eu quelquefois d’habiles hommes en
toutes les sciences près Sa Majesté, afin que dans leur entretien elle eût
étudié ; qu’il se faisait de la sorte sans peine un profit très grand et merveil-
leux; que le Pape en usait ainsi; qu’au reste, au lieu de tant de cabinets, de
vases, de cristaux et autres semblables choses, il souhaitait au Roi quelque
nombre de belles statues grecques et de bustes pour en orner une ou deux
salles, et de tableaux d’excellents maîtres. Je lui ai dit que ces propretés de
cabinets et de cristaux s’étaient introduites dans la régence, qui était un gou-
vernement de femme; que M. le cardinal Mazarin les avait cultivées pour
entretenir et divertir le Roi. Pendant cet entretien est arrivé M. Colbert avec
envisage riant, mais non pas tant que les autres fois. Il a considéré le buste
du Roi. L’abbé Butti lui a montré ce qu’y avait fait fraîchement le Cavalier,
lequel a dit à l’abbé que son discours était inutile, si son ouvrage à lui ne par-
lait. L’abbé à cela s’est excusé et a dit en riant que c’était une impatience fran-
çaise. Mon frère et M. Madiot étant arrivés, M. Colbert s’est assis, le Cavalier et
les autres aussi, dans l’ordre même que l’autre fois. Le Cavalier a commencé
àparler et a dit qu’il était allé à l’Académie, qu’il avait pris la liberté d’y dire
son sentiment pour l’instruction des étudiants. M. Colbert a dit qu’il l’avait
su et l’en remerciait; qu’il l’obligerait beaucoup s’il voulait mettre par écrit le
discours qu’il y avait fait. Il a promis qu’il le ferait et a répété que rien
n’était si dommageable aux jeunes gens que de les faire commencer à dessi-
ner d’après nature, qu’il fallait avoir des plâtres, des bustes et figures anti-
ques, afin de les faire dessiner d’après. J’ai pris la parole et dit qu’on avait

1. « Quand il arrivu du monde.
 
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