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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 4
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Chantelou, Paul Fréart de; Lalanne, Ludovic [Hrsg.]: Journal du voyage du cavalier Bernin en France, [12]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0403

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JOURNAL DU VOYAGE DU CAVALIER BERNIN EN FRANCE. 385

s’est mis à donner quelques coups au linge du petit Christ du signor Paul,
pendant quoi Mwc de la Baume est venue conduite par M. d’Albon, ce qui a
fort déplu au Cavalier. Il a néanmoins continué. Ils ont considéré le buste,
puis le petit Christ, et, après avoir dit quelques paroles de compliment, s’en
sont allés. Le Cavalier, ayant encore donné quelques coups de ciseau, a quitté
et s’est mis à se promener et moi avec lui. Il a commencé le discours, me
disant que les choses n’allaient pas avec la promptitude et exactitude qu’elles
auraient dû faire; m’a répété qu’on aurait dû abattre les maisons pour la
commodité du travail de la fondation. L’impatience qu’avait fait paraître
M. Colbert, le1..., comme lui reprochant qu’il était en demeure2, quoiqu’il
ait fait humainement tout ce qui se pouvait, ce qui lui avait fort déplu à lui,
le Cavalier, pour ce que l’abat3 4 des maisons et de l’ouvrage du Vau aurait
dû précéder les alignements, si c’est que l’on veuille exécuter son dessin ;
qu’il avait néanmoins pris ses alignements deux jours après, quoiqu’avec
grande difliculté ; qu’il en avait écrit un billet à M. Colbert, le ... ; que depuis
ce temps-là, qui était de plus d’un mois, l’on n’avait lien avancé, que cela
serait toujours demeuré de la sorte, sacs qu’il en eût jamais parlé, pour ce
qu’il n'eût pas été bien séant à lui. Je lui ai représenté à cela ce que j’avais
déjà fait, dans une pareille occasion, les grandes affaires de M. Colbert,
lesquelles étaient infinies ; qu’un homme chargé de la sorte et dans un tel
accablement ne les pouvait faire marcher que lentement les unes et les autres,
qu’il était bien aise de tout voir et tout faire, qu’il avait appris cela à l’école
de M. le cardinal Mazarin.

Le Cavalier, après, est descendu dans le pariiculier des matières pour le
Louvre, et a dit que les maçons mêmes qui ont vu le mur que les Italiens
ont fait le louaient, qu’on verrait par comparaison de l’autre que l’on maçon-
nait mieux à Rome qu’on ne fait ici, qu’on y avait l’exemple des antiques,
dont les ouvrages étaient construits ou de petites pierres ou de très grandes;
qu’il y a, outre cela, deux choses qui font qu’ici la maçonnerie n’est pas si
bonne : l’une est la manière d’éteindre la chaux, dont la fleur se perd dans
la terre, l’autre qu’on ne mouillait pas la pierre la mettant en œuvre, ce qui
fait qu’elle tire par sa sécheresse toute la substance et l’humidité du mortier,
lequel après, restant sans force, se convertit en poussière. II a dit que l’on
pouvait avec le sable de rivière, mêlé même avec du sable ordinaire, faire
d’excellent mortier en éteignant bien la chaux, et qu’il croit qu’il égalerait
celui fait avec de la pouzzolane. Il a ensuite parlé de la manière dont il fallait
travailler au Louvre. Il a dit qu’il y en a de trois sortes à Rome, savoir : a
giornale, a collimo, overo slimai; que le travail à la journée est le meilleur ;
à stima moins bon, et que celui à coltimo ne valait rien ; que ce qui se faisait
à Rome autrement qu’à journée ne réussissait jamais; m’a conté l’histoire de
la fabrique de Saint-Pierre, laquelle avait été conduite par divers architectes :
le Bramante, Sangallo, Balthazar Pétrucci, Raphaël et Michel-Ange. Pour la

1. Le nom est resté en blanc dans le manuscrit.

2. En demeure, en retard.

3. L'abat, l’abatis.

4. «t A la journée, à forfait ou à la tâche. »

XXI — 2° PÉUIODK.

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