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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0418
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/|00 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

le désir des artistes, et par mesure générale : le triomphe de cette règle
fut naturellement l’Exposition universelle de 1855, où il s’agissait de
montrer dans son ensemble l’œuvre de chacun de nos grands maîtres
durant la première moitié de notre siècle; et l’on sait l’immense éclat
qui en résulta pour l’honneur de chacun d’eux et quelle victoire à jamais
mémorable pour notre école. Il y avait cependant un ver dans ce classe-
ment ou plutôt dans cette absence de classement : c’est que les artistes
pouvaient crier au bon plaisir, et je vous jure pourtant que nous faisions
de notre mieux dans cette besogne fatalement improvisée. Mais que ré-
pondre à ceux qui, logés dans les galeries écartées, se plaignaient, au
point de vue de l’égalité, d’être cruellement sacrifiés, ou que leurs œu-
vres fussent éparpillées dans l’immense palais des Champs-Ëlysées que
nous venions d’occuper, ou que le salon central appartînt toujours, par
une sorte de privilège, à quelques noms plus favorisés ? Le hasard voulut
qu’on fît, dans ce palais même, l’exposition des projets de l’Opéra nou-
veau, et le hasard voulut encore qu’on classât les projets selon l’ordre
alphabétique des noms des concurrents. J’en examinais l’intéressante
série avec mon pauvre ami Eudore Soulié, le conservateur du Musée de
Versailles. — Ah ! se prit-il à dire, si l’on pouvait classer de la sorte les
tableaux des peintres au Salon, tous par ordre alphabétique, et tous sur
la cimaise! pour le coup, plus de plaintes, ni de gémissements; tous
égaux, sauf le talent. — Cette boutade échappée à un homme de cause-
rie si fine et si singulière, je la recueillis et en fis mon profit dans la me-
sure du possible. Tous sur la cimaise, la chose n’était pas praticable,
quelles que fussent les proportions colossales de cette halle aux tableaux;
mais, quant à l’ordre alphabétique, on en pouvait essayer le principe, et
ce qu’il y a d’orgueil jaloux dans les plus généreuses natures d’artistes y
trouverait son compte et n’y contredirait point. Je m’en ouvris à notre sur-
intendant des beaux-arts, qui approuva la tentative, et y sentit même une
sorte de soulagement contre les pressions du dehors. L’essai réussit, il a
duré près de vingt ans. Le grand salon d’entrée, qu’on n’a jamais cessé,
je ne sais pourquoi, d’appeler le salon d’honneur, était consacré aux
grandes toiles historiques, aux tableaux de batailles, aux portraits offi-
ciels. Hors ceia, et les compositions trop démesurées qu’il fallait bien
caser dans les vastes salons des angles du Palais, l’ordre alphabétique
régnait impassible, prenant chaque année son point de départ à une
extrémité nouvelle des galeries, de manière à varier pour chacun les
chances d’un jour plus heureux. Je parle ici sans regrets, et sans pré-
tendre donner ce système pour le dernier mot de l’art. Je dirai même
que le commissaire nouveau des expositions ne pouvait pas ne pas cher-
 
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