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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 5
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Chennevières-Pointel, Charles Philippe de: Le Salon de 1880, 1
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0417

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LE SALON DE 1880.

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mérite de l’œuvre, du tort matériel que peut causer son exclusion du
Salon à celui qui la soumet à leur examen; de là forcément l’encombre-
ment du Salon; de là aussi son amoindrissement comme choix et comme
éclat.

Selon le règlement nouveau, l’idéal veut que pour l’enseignement à
donner au public sur l’état actuel de l’école française, sur ses qualités
brillantes et aussi ses côtés faibles, les ouvrages soient groupés par
catégories d’artistes déjà récompensés et d’artistes non encore médaillés,
c’est-à-dire de talents encore douteux.

La leçon peut être bonne en soi et profitable autant à nos peintres
qu’au goût public, ne fût-ce que pour dégager clairement aux yeux de
tous le courant de notre école; mais, dans la pratique, que peut-il adve-
nir? C’est que, dans les salles où ils sont fatalement enfermés par leur
dignité même, et où ils sont de plus en plus resserrés par l’encombre-
ment dont je viens de parler, les ouvrages des hors concours et des
médaillés doivent arriver à une superposition qui les mettra de niveau
avec les toiles les moins estimables des débutants et des médiocres nés.

Le but de l’exposition étant avant tout un concours, une victoire, un
triomphe, l’idéal veut qu’il y ait un Salon d’honneur et que dans ce Salon
d’honneur les places d’honneur appartiennent aux plus honorables. Je
connais assez la loyale probité de ceux qui ont charge d’appliquer cet
idéal pour être sûr qu’ils le défendront de toutes les forces de leur
sincérité. Mais je vous attends à la pratique, non aujourd’hui, mais dans
trois ou quatre ans, et vous verrez que, n’ayant plus là le fameux ordre
alphabétique avec sa barrière un peu grossière, je le veux bien, en
somme assez résistante, la politique trouvera moyen de livrer les
quatre parois du Salon d’honneur à son favoritisme inconscient et peu
scrupuleux. — Et maintenant accommodez, si vous le pouvez, cet idéal
avec cette pratique.

A-t-on jamais bien su les origines de ce pauvre ordre alphabétique?
C’était en 1861. Depuis le commencement du siècle, ou plutôt depuis
qu’exposition il y avait, le placement ne connaissait d’autre ordre que
celui de la bonne volonté et du goût des placeurs, lesquels s’attachaient
à servir de leur mieux les toiles qu’ils supposaient devoir être agréées le
plus favorablement par le suffrage des amateurs ou par l’opinion popu-
laire. Pas l’ombre de système dans tout cela, sauf pourtant qu’il nous
souvient à nous autres, gens des temps préhistoriques, c’est-à-dire anté-
rieurs à I8/18, d’avoir vu dans la grande galerie du Louvre, groupés, cer-
taines années, et en nombre illimité, des ouvrages de Decamps ou d’Ary
Scheffer. Moi-même, à partir de 1852, je pratiquai ce groupement sur
 
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