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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Velazquez, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0551
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528

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Quel admirable et robuste torse que celui de Yulcain! et quelles carna-
tions savamment modelées que celles des compagnons du dieu forgeron !
Quant à la technique, elle accuse déjà chez le peintre une science accom-
plie, sûre d’elle-même, montrant dans les colorations on ne sait quel
dédain pour l’inutile, le trop agréable ou le superflu; nulle recherche
de l’éclat ou même du charme; point de tapage; rien qui s’écarte, dans
ces solides et sévères harmonies, du rigoureux programme que l’artiste
semble s’être tracé : ne rien substituer à la forte et naïve observation de
ce qui est

Vers les derniers jours de l’année 1630, Velâzquez se rendit à
Naples, où, comme nous l’avons précédemment noté, il lit le portrait de
l’infante doua Maria, sœur de Philippe IV, et fiancée du roi de Hongrie,
portrait que nous ne croyons pas pouvoir être identifié avec celui que
le catalogue du musée de Madrid enregistre sous le n° 1072.

A Naples, Velâzquez fut l’hôte du vice-roi, le duc d’Alcala, l’ami et
le protecteur de son beau-père Pacheco. Ribera, alors à l’apogée de sa
renommée et de son talent, était l’astre de cette petite cour; il accueillit
avec beaucoup de courtoisie son jeune compatriote ; de ce moment,
les deux peintres se lièrent d’une étroite amitié. On sait, d’ailleurs,
quelle admiration Velâzquez avait vouée, quand il n’était encore qu’un
élève, aux réalistes et énergiques créations du maître valencien. Mais,
si l’influence quelles exercèrent sur le génie naissant du jeune peintre
ne s’étendit guère au delà de ses toutes premières productions, il
ne semble pas que son goût, son enthousiasme pour les œuvres de
Ribera aient jamais diminué; c’est à ces préférences autant peut-être
qu’à l’amitié qui se forma entre les deux artistes, lors de cette première

1. Le payement du prix des tableaux peints par Velâzquez, en Italie, figure sur les
comptes de dépenses du protonotaire d’Aragon, relatifs à l’année 1634. C’est seu-
lement à cette époque que l’artiste obtient le reliquat de ce qui lui est dû pour la
valeur de ces peintures; jusque-là il n’avait touché que des acomptes. L’estimation ou
taxe préalable qui en est faite par Francisco de Uioja englobe dix-huit tableaux, parmi
lesquels sont mentionnés, sans autres éclaircissements : une üanaé, de Titien (proba-
blement une copie faite par Velâzquez en Italie); une Chaste Suzanne, de Luca Cam-
biaso, et une peinture originale du Bassan (acquises peut-être de ses deniers et
cédées par lui au roi); et enfin quinze ouvrages personnels, dont cinq tableaux de
fleurs, quatre petits paysages, deux natures mortes, un portrait de l’infant don Baltazar
(sans doute celui que Velâzquez peignait en 1631), un portrait de la reine (?), la
Tunique de Joseph et la Forye de Vulcain. Ces dix-huit tableaux lui sont payés mil
ducados de d once reales, soit onze mille réaux ou trois mille francs environ; même
en admettant que cette somme représenterait de nos jours une valeur dix fois supé-
rieure, on voit que les largesses de Philippe IV, à l’endroit de son peintre, n’étaient
rien moins que des magnificences.
 
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