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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 21.1880

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Velazquez, 5
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https://doi.org/10.11588/diglit.22841#0550

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VELAZQUEZ.

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à dénouer les plus horrifiques enchaînements qui semblent menacer ses
héros dans des aventures grotesques, bouffonnes, Velâzquez, au fond
des récits mythologiques, ne perçoit ou ne veut voir qu’une action
terre à terre, dont son humeur andalouse saisit de préférence le côté
comique: le Baco et la Forge de Vulcaip, Mercure et Argus et ses per-
sonnifications du dieu Murs, d'Esope, de Ménippe attestent suffisam-
ment cette tournure ironique de son esprit1. En cela, et en dépit de
l’apparente gravité de son caractère, il reste bien l'homme de son temps,
de son terroir et de sa race.

Comme exécution, ces deux peintures sont extrêmement habiles et
puissantes d’effet, bien qu’obtenues à l’aide de moyens très simples. Rien
n’est plus vrai, plus éloquent, dans la Tunique de Joseph} que le geste,
l’émotion de Jacob apercevant le vêtement tout ensanglanté de son enfant.
A sa douleur se mêle une expression de colère : il soupçonne un crime,
son geste accuse, il va éclater! A-sa droite, et devant lui, se tiennent ses
fils : celui-ci mnntre la sanglante dépouille, celui-là presque nu, détourne
la tète comme s’il ne pouvait en supporter la vue; vêtus de sarraux
rustiques, les autres observent attentivement leur père ou feignent l’ac-
cablement et la pitié. Les nus ou les parties de nu sont autant de mor-
ceaux achevés : l’atmosphère, l’éclairement sont d’une vérité étonnante ;
pour tout dire, l’ensemble de cette dramatique scène atteint à la plus
haute illusion comme mouvement, comme relief et comme expression
pathétique.

Dans la Forge de Vulcnïn, l’artiste s’est posé et a résolu le difficile et
curieux problème de la rencontre de la blonde lumière qui enveloppe le
dieu du jour avec celle des rouges reflets de la fournaise. Si, dans son
geste et dans son allure, l’Apollon n’a rien d’héroïque, on ne saurait
peindre, en tout cas, de corps plus souple, plus vivant et plus jeune.

I. A fa liste dos sujels mythologiques peints par Velâzquez, il faut joindre deux
compositions importantes qui ont disparu après avoir figuré, jusqu’en 1700, sur les
inventaires du palais. C’étaient : Apollon écorchant Marsyas, peint vers 16o5,c’est-à-dire
à la môme époque que le sujet de Mercure et Argus, avec lequel il formait pendant,
et Psyché cl l'Amour, dont la date d’exécution nous est inconnue. Une autre représen-
tation mythologique, Vénus et Cupidon, placée, au temps de Philippe IV, dans le
Salon des glaces, n’est plus mentionnée sur les inventaires à partir de 1700; mais il
est, probable quelle dut être donnée ou échangée postérieurement à cette date, car
nous la retrouvons décrite dans le Viage de Espaùa, de Ponz, comme faisant partie,
à la fin du xvin0 siècle, de la riche collection de peintures de la maison d’Albe.
Achetée par le prince delà Paix, elle fut transportée en Angleterre après la guerre do
f indépendance, et elle entra alors dans la collection de M. Morritt, où elle est encore.
Cette Vénus, une merveille dè vérité, a fait partie de l’Exposition de Manchester.
 
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