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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 22.1880

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Nr. 2
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Duranty, Edmond: Adolphe Menzel, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.22842#0137
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ADOLPHE MENZEL, 123

pace, et avec eux l'on nage dans l'espace, le vert et la profondeur. Le
sens épique, sarcastique ou capricieux, ou savamment précis, le sens
de l'expression générale d'un corps, d'une classe sociale, d'un métier,
je le répète, habite cette cervelle.

La coupe, les points de vue, les aspects, les sujets, les expressions,
tout ce que dans notre nouvelle génération et notre nouvelle école d'art,
à raison ou à tort, si l'on veut, nous avons posé comme programme,
comme désidérata, M. Menzel, qui ne connaissait ni nos idées, ni nos
recherches françaises, les a réalisés de son côté, confirmant au moins la
netteté et l'accord de vues qui règne dans les esprits sur le terrain de
la réalité.

On aura beau dire, certaines gens auront rendu de grands services
en ce temps, et l'on s'en apercevra. Je parle de ceux qui ont senti et
exprimé la saveur de la vie, sa gaieté, sa lumière, son mouvement, de
ceux qui ont aimé à voir la vie, dans son jeu de chaque jour, avec ses
rouages, ses encadrements, aimé à compter les battements du pouls et
du cœur communs à nous tous, habitué autrui à concevoir le prodigieux
intérêt des cent mille éléments de cet étourdissant spectacle; enfin, pris
l'homme en curiosité et non en pitié ou en horreur.

Une philosophie sereine, saine, sort delà, une puissante consolation
aussi, un grand mobile d'activité et de divertissement, une philosophie
qui vaut mieux que celle de Schopenhauer et des siens.

Je ne saurais entreprendre de compter et de décrire toutes les
œuvres de l'artiste. Je n'ai pas parlé de ses chevaux si profondément
observés et fortement rendus, ni de la naïveté et de l'esprit qu'il met à
exprimer les enfants, ni de l'action qu'exerce sur lui, comme sur tout
artiste à sensations vives la structure, la physionomie, Yexislcncc des
mains. Plusieurs des dessins nombreux et admirables que nous aurons
donnés, parleront Là-dessus à ma place.

Après cinquante ans de travail, M. Menzel est dans toute sa verdeur,
sa force, son entrain.

Si l'on regarde l'ensemble de ses travaux, c'est une profusion, des
milliers de dessins dans des centaines de cartons, et jamais d'œuvre
■perdue, jamais d'œuvre sans réflexion et qui ne concoure point à la
pensée générale... 11 ne travaille pas pour montrer son habileté, mais
parce qu'il sent et qu'il pense, l'œil toujours fixé sur le travail à venir,
comme si l'œuvre passée n'était que la première pierre clu monument.

M. Menzel est venu à Paris en 1867; il y connut M. Meissonier et
M. Alfred Stevens, chez qui on le rencontrait. 11 a fait un portrait du
premier de ces artistes, travaillant à son chevalet et vu de dos. Des
 
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