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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 27.1883

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Nr. 2
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Rhoné, Arthur: Découverte des momies royales de Thèbes, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24259#0145
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mis sur la trace de la découverte et dont la figure véritable est reproduite
plus haut d’après sa momie. Gomment se fait-il que ce cercueil ait été
usurpé par un successeur distant de trois dynasties et d’au moins 400 ans?
Cette anomalie étrange s’expliquera d’elle-même un peu plus loin.

Entre les règnes de ses deux successeurs Thoutmès II et Thoutmès III
dont on a les corps, se place celui de leur sœur, la reine ou régente Hata-
sou, qui fut un des plus glorieux au point ae vue des conquêtes et de la
splendeur des monuments. Les ruines immenses.de son temple funéraire
couvrent le fond de la vallée de Deïr-el-Bahari, site imposant dont nous
donnions le dessin (p. 57) et que M. Brune a essayé de restituer1. Au
moyen âge, des moines coptes, c’est-à-dire chrétiens, se retranchèrent
dans ces ruines comme ils le firent dans toutes ; leur couvent, dont on
voit encore le clocher, prit alors le nom de Deïr-el-Bahari, couvent aux
marins, à cause des représentations de navires et de soldats antiques dont
les murs du temple sont décorés avec un art charmant, et qui forment le
récit en action d’une expédition pacifique envoyée par Hatasou dans les
parages de l’île Socotora et du cap Guardafui.

( )n n’a pas retrouvé auprès de ses deux frères le corps de la grande
reine qui, selon l’usage officiel et immémorial, devint successivement leur
épouse, coutume qui avait pour but l’intégrité du sang royal et divin
par conséquent, en même temps que le maintien de ses prérogatives ;
mais la trouvaille a donné un coffret d’ébène et d’ivoire au nom d’Ha-
tasou et renfermant un foie humain momifié qui fut sans doute le viscère
irascible de la Sémiramis égyptienne.

« Ce n’est pas sans raison, dit M. Maspero, qu’on a donné à Thout-
mès 111 le nom de Grand. Sans cesse en marche d’une extrémi té de son
empire à l’autre, une année sous les murs de Ninive et l’année d’après
au fond de l’Ethiopie, il rendit à ses successeurs le monde égyptien plus
large qu’il ne l’avait reçu et tel qu’il ne fut jamais après lui. » La momie
du grand roi ne mesure que im,60 et est une des plus endommagées.
On la trouva démaillotée, avariée, brisée en trois morceaux, que, pour
tenir réunis, on avait liés dans les temps antiques à trois petites rames
ou pagaies longues d’environ un mètre et qu’accompagnait un bouquet
de joncs peut-être symboliques. Le visage du roi, dont les statues et les
sphinx nous font connaître la physionomie vive, les traits fermes et nobles,
est devenu méconnaissable. Les chairs se décomposent, mais sa main
droite, encore intacte, est d’une petitesse et d’une élégance remar-

t. Deïr-el-Bahari. Documents topographiques, historiques et ethnographiques
recueillis dans ce temple pendant les fouilles exécutées par Aug. Mariette. Leipzig,
Hinrichs. Texte in-4° et pl. in-folio.
 
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