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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
clef. » La première visite de Rubens avait été pour Peiresc. On se rappelle
le billet que l’aimable magistrat adresse, le 8 juin, à Gevaerts : « J’eus ce
bonheur que M. Rubens se irouva chez moi quand je reçus vostre des-
pesche de la semaine passée1 ». Nul doute que Peiresc n’ait assisté à la
petite exposition intime organisée par Maugis.
11 se produit ici une lacune dans le journal cl’Héroard, et nous ne
savons pas exactement quel jour la reine, qui était à Fontainebleau au
mois de mai, revint à Paris. Mais il est certain que, dès sou retour, elle
voulut voir les peintures de Rubens. Deux témoins nous disent qu’elle
les vit, et même qu’elle en fut enchantée. La cour de Mantoue avait
alors un représentant en France, Giustiniano Priaudi. Ce personnage, qui
suivait de près le mouvement des choses parisiennes, écrit le 15 juin :
« La Reine mère est venue ici voir ses tableaux faits par le peintre
Rubens d’Anvers, lesquels sont réussis admirablement2. » Et quelques
jours après, le 23 juin, Peiresc annonce la bonne nouvelle à Aleander.
« 11 Sv Rubens ha havulo grandissima sodisfattione délia. Regina madré
per le sue pitture. » Ainsi se précise le moment où le peintre se trouva
Lice à face avec Marie de Médicis. Nous ne serions point surpris qu’il
eût profité de l’occasion pour dessiner aux crayons rouge, noir et blanc, le
beau portrait du Louvre. La Florentine n’était plus très jeune, et le dessin
du maître la montre déjà envahie par l’embonpoint des dernières années.
Désormais tranquille sur son succès et désireux de revoir les siens,
Rubens rentra à Anvers. Il avait d’autant moins de raison de rester à
Paris que, pendant l’été de 1623, la ville fut fort malsaine. Marolles
parle dans ses Mémoires de cette sorte de pestilence qui fit émigrer les
timides. L’air était meilleur aux bords de l’Fscaut. Rubens, écrivant à
Peiresc, le 3 août, fait allusion à la trepidazione délia contagione ■ il
l’invite à quitter Paris et, en même temps, il entretient son ami de la
beauté des pierres gravées que ce dernier lui a confiées ; enfin il le
remercie des bons offices qu’il lui a rendus auprès du SIg. Abate, c’est-
à-dire de l’abbé de Saint-Ambroise, Claude Maugis, et d’un autre per-
sonnage de marque, M. de Loménie.
La fin de l’année 1623 et l’année 1624 presque tout entière furent
consacrées par Rubens et ses collaborateurs à l’exécution des tableaux du
Luxembourg. Mais l’artiste ne pouvait oublier qu’il était lonclionnaire et
plus d’une fois il dut interrompre son travail pour obéir aux ordres de
l’archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie. Le 13 septembre J 62h, Rubens se
trouvait à Bruxelles. C’est du moins ce qu’on apprend par une lettre de
t. Gachet, Lettres inédites de Rubens, p. 7.
2. A. Baschet. Gazette des Beaux-Arts, XXIV, p. 493.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
clef. » La première visite de Rubens avait été pour Peiresc. On se rappelle
le billet que l’aimable magistrat adresse, le 8 juin, à Gevaerts : « J’eus ce
bonheur que M. Rubens se irouva chez moi quand je reçus vostre des-
pesche de la semaine passée1 ». Nul doute que Peiresc n’ait assisté à la
petite exposition intime organisée par Maugis.
11 se produit ici une lacune dans le journal cl’Héroard, et nous ne
savons pas exactement quel jour la reine, qui était à Fontainebleau au
mois de mai, revint à Paris. Mais il est certain que, dès sou retour, elle
voulut voir les peintures de Rubens. Deux témoins nous disent qu’elle
les vit, et même qu’elle en fut enchantée. La cour de Mantoue avait
alors un représentant en France, Giustiniano Priaudi. Ce personnage, qui
suivait de près le mouvement des choses parisiennes, écrit le 15 juin :
« La Reine mère est venue ici voir ses tableaux faits par le peintre
Rubens d’Anvers, lesquels sont réussis admirablement2. » Et quelques
jours après, le 23 juin, Peiresc annonce la bonne nouvelle à Aleander.
« 11 Sv Rubens ha havulo grandissima sodisfattione délia. Regina madré
per le sue pitture. » Ainsi se précise le moment où le peintre se trouva
Lice à face avec Marie de Médicis. Nous ne serions point surpris qu’il
eût profité de l’occasion pour dessiner aux crayons rouge, noir et blanc, le
beau portrait du Louvre. La Florentine n’était plus très jeune, et le dessin
du maître la montre déjà envahie par l’embonpoint des dernières années.
Désormais tranquille sur son succès et désireux de revoir les siens,
Rubens rentra à Anvers. Il avait d’autant moins de raison de rester à
Paris que, pendant l’été de 1623, la ville fut fort malsaine. Marolles
parle dans ses Mémoires de cette sorte de pestilence qui fit émigrer les
timides. L’air était meilleur aux bords de l’Fscaut. Rubens, écrivant à
Peiresc, le 3 août, fait allusion à la trepidazione délia contagione ■ il
l’invite à quitter Paris et, en même temps, il entretient son ami de la
beauté des pierres gravées que ce dernier lui a confiées ; enfin il le
remercie des bons offices qu’il lui a rendus auprès du SIg. Abate, c’est-
à-dire de l’abbé de Saint-Ambroise, Claude Maugis, et d’un autre per-
sonnage de marque, M. de Loménie.
La fin de l’année 1623 et l’année 1624 presque tout entière furent
consacrées par Rubens et ses collaborateurs à l’exécution des tableaux du
Luxembourg. Mais l’artiste ne pouvait oublier qu’il était lonclionnaire et
plus d’une fois il dut interrompre son travail pour obéir aux ordres de
l’archiduchesse Isabelle-Claire-Eugénie. Le 13 septembre J 62h, Rubens se
trouvait à Bruxelles. C’est du moins ce qu’on apprend par une lettre de
t. Gachet, Lettres inédites de Rubens, p. 7.
2. A. Baschet. Gazette des Beaux-Arts, XXIV, p. 493.