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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 1
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Chennevières, Henry de: Les donations et les acquisitions du Louvre depuis 1880, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0067
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LES DONATIONS ET LES ACQUISITIONS DU LOUVRE. 6i

incessante, ne pourrait pas expliquer à elle seule le nombre incroyable de
portraits connus sous leur nom. Il faut donc les supposer dirigeant une
pléiade d’élèves et les envoyant de Paris, de Tours ou de Blois dans les
châteaux de l’Ile-de-France ou de la Normandie. Là, ces habiles imitateurs
des Clouet observaient les procédés appris sous de tels maîtres et savaient
s’approprier la manière des Jannet, au point de-faire souvent illusion aux
plus ombrageux connaisseurs d’aujourd’hui. Aussi M. Gruyer catalogue-t-il
le portrait de gentilhomme de la collection Timbal sous la rubrique
d’ « école des Clouet ». L’an passé, le-conservateur des peintures avait
déjà fait toutes ses réserves en achetant 6,500 francs un petit portrait
attribué de même aux Clouet. Ce panneau représentait Jean de Bourbon-
Vendôme, comte d’Enghien. Ce dernier morceau avait suivi de trois mois
l’entrée au Louvre d’une Étude d'homme, vu en buste, ouvrage d’un
Florentin de la belle époque.

Tel est l’ensemble des peintures acquises par le Musée depuis quatre
ans. La conservation des dessins s’accrut, elle aussi, avec les ressources
de notre budget ordinaire, car, malgré les nombreux dons des amateurs,
ce département compte encore certaines lacunes. Les dessins des mo-
dernes surtout ne sont pas en nombre avouable : quatre Bonington,
six Delacroix, un Delaroche, trois médiocres Gavarni, cinq Charlet, deux
Ballet, et les autres à l’avenant. Si cet abandonnement fâcheux durait
toujours, on pourrait craindre un vide regrettable dans la série chrono-
logique de notre collection : l’école moderne se trouverait risiblement
représentée, et les curieux de l’avenir chercheraient vainement au Louvre
les vrais caractères du dessin de nos artistes au xixe siècle. Les vieux
maîtres français, les Poussin, les Le Brun, les Mignard, les Corneille, les
Boulogne, les Lesueur emplissent nos cartons et forment la base de nos
trente-huit mille dessins, mais, en vérité, ce fonds historique, si complet
soit-il, ne nous dispense nullement de songer aux modernes. Il faut, au
contraire, entreprendre avec persévérance une suite de croquis signés des
meilleurs noms de ce temps, pour tâcher d’établir l’équilibre entre les
maîtres anciens et les maîtres nouveaux. M. de îauzia vient de com-
mencer cette œuvre si désirable en achetant de très beaux dessins
d’Ingres : on ne pouvait mieux inaugurer la réforme. Cette détermina-
tion nous a valu deux admirables portraits : la Famille Lâzzerini de
Florence et Mademoiselle Boimard, fille du vieil architecte Delorme. Le
groupe de la famille Lâzzerini, groupe amoureusement caressé avec la
pointe d’une exquise mine de plomb, est T un des plus parfaits morceaux
d’Ingres en ce genre. Lâzzerini était le médecin du ménage de M. Ingres;
il avait assurément traité ses malades en toute conscience, mais un pareil
 
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