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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

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Nr. 3
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Mantz, Paul: Rubens, 10
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https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0214
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RUBENS.

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favorisant les huguenots français, était plus que suspecte au Cardinal.
En outre, la guerre engagée du côté de la Hollande était pour l’Es-
pagne une opération coûteuse; Richelieu trouvait donc excellent qu’elle
se prolongeât le plus possible et, de même que ses agents,— M. de Baugy,
par exemple, dont nous avons cité la lettre, — il estimait que Rubens
avait pris une attitude fort impertinente lorsqu’il s’était si activement
mêlé aux négociations d’une trêve qui pouvait aboutir à la paix. Les
constantes allées et venues de Rubens inquiétaient le Cardinal. L’artiste
était surveillé. Plus tard, le conflit entre le peintre et celui qu’il appelait
ilpurpurato alla en s’accentuant On verra tout à l’heure que Richelieu,
démasquant ses batteries, essaya de porter à Rubens un coup terrible.

Cependant, du côté de Marie de Médicis, les dispositions n’étaient
pas mauvaises. Elle croyait toujours que Rubens avait quelque mérite.
On rassura l’artiste alarmé par les confidences du résident d’Isabelle à
la cour de France. Le 20 février, il raconte qu’il a enfin reçu une gra-
cieuse lettre de l’abbé de Saint-Ambroise: rien n’est compromis. Marie
de Médicis s’excuse de n’avoir pas encore eu le temps de réfléchir aux
sujets à traiter dans la seconde galerie; l’abbé ajoute que les travaux ne
sont pas terminés et qu’il faut attendre un peu.

Rubens se résigna. Un deuil douloureux à son cœur et le tracas des
affaires politiques auxquelles il se mêlait de plus en plus durent, pour un
instant, écarter de sa pensée le souci que lui causait la seconde galerie du
Luxembourg. Il ne l’oubliait pas cependant. Claude Maugis était revenu
à son mutisme. « M. l’abbé de Saint-Ambroise, dit Rubens, le 29 octobre
1626, doit être bien affairé, car il ne m’écrit plus ». Mais l’artiste ne lui
gardait pas rancune : il lui envoyait, en 1627, les gravures des camées,
et çà et là il se rappelait à son souvenir. Il faut croire qu’il reçut enfin
une réponse, car, dans une lettre du 27 janvier 1628, il annonce à Dupuy
qu’il a commencé les dessins do la seconde galerie, et que, d’après son
avis, elle sera, grâce à l’intérêt des sujets, plus belle que la première.
Marie de Médicis avait pris un parti : les peintures de Rubens devaient
représenter l’Histoire de Henri IV.

Les choses étaient donc en bon chemin et Rubens terminait sans
doute ses esquisses, lorsque, au printemps de 1629, Marie de Médicis
reçut une lettre fort inattendue. Cette lettre, datée du 22 avril, venait de
Suze et était signée du cardinal de Richelieu. « Aladame, j’ay creu que
Arostre Majesté n’auroit pas désagréable que je luy dise que j’estime qu’il
seroit à propos qu’elle fît peindre la galerie de son palais par Josepin,
qui ne désire que d’avoir l’honneur de la servir et entreprendre et para-
chever cet ouvrage pour le prix que Rehens a eu de l’autre galerie. »
 
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