Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 29.1884

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Courajod, Louis: La part de l'art italien dans quelques monuments de sculpture de la première Renaissance française, [1]
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24585#0519
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
SCULPTURES ITALIENNES EN FRANCE.

497

en France et de terminer sur place la fontaine de marbre1 aujourd’hui dis-
paru, mais qu’on peut apprécier par cette autre fontaine2 de même pro-
venance et vraisemblablement de mêmes auteurs, conservée actuellement
dans la salle de Michel-Ange, au Musée du Louvre. A part Michel Co-
lombe, à qui un Italien, Pacherot, porta de Gaillon à Tours le bloc où il
devait sculpter son saint Georges3, les comptes ne signalent pas un seul
Français comme ayant travaillé le marbre pour le cardinal d’Amboise.
Cette matière est partout réservée, même surplace, au ciseau italien.
Quand il fallut installer l’autel de marbre dans la chapelle qui devait con-
tenir le bas-relief de Colombe, ce furent encore trois Italiens qu'on em-
ploya4. Bertrand de Myenal, Jérôme Pacherot, Jean Chersalle 5 ou Chair-
salle (?) doivent être considérés comme les auteurs des charmantes
arabesques qui encadraient jadis le saint Georges et qui vont bientôt,
M. l’architecte du Louvre m’en a donné l’assurance, reprendre, à côté
du marbre de Colombe, leur place originelle 6. Antoine Juste travailla

1. Postérieurement à la vente de ce monument signalée par M. Deville (Comptes
de dépenses du château de Gaillon), nous possédons sur lui les renseignements sui-
vants fournis par d’Argenville dans le Voyage pittoresque des environs de Paris,
p. 440, à propos de Liancourt: « Au milieu d’une vaste salle de verdure où l’on arrive
par dix allées, s’élève une cuvette de marbre de Carrare d’un seul bloc, de douze
pieds de diamètre sur deux de profondeur. Les moulures et les ornements qui l’enri-
chissent font également l’éloge de l’artiste et l’admiration du connoisseur. Sa forme
décrit un octogone dont les pans présentent dans leur partie inférieure des mascarons
et des mufles de lion; des entrelacs à roses et autres ornements garnissent les mou-
lures de la gorge dont ses bords sont formés. Du milieu de ce vase sort une grosse
cloche d’eau qui, tombant sur elle-même, est versée en lames dans un bassin par les
mascarons. Cette cuvette, si précieuse par elle-même, l’est encore davantage par son
antiquité. Les Vénitiens la donnèrent en 1500 au cardinal d’Amboise, ministre de
Louis XII, par reconnoissance d’avoir, à leur sollicitation, engagé son maître à chasser
les Sforces du Milanez. Ce prélat en décora ensuite son château de Gaillon. M. le car-
dinal de Tavannes, archevêque de Rouen, ayant ordonné la démolition de la fontaine
dont cette cuvette faisait partie, M. le duc d’Estissac l’a achetée et l’a fait placer,
en 1754, dans ses jardins de Liancourt. »

2. N° 17 de la Description des Sculptures du Moyen âge, de la Renaissance et
des Temps modernes.

3. N° 84 de la Description des Sculptures du Moyen âge, de la Renaissance et
des Temps modernes.

4. A. Deville, Comptes de dépenses de la construction du château de Gaillon,
p. cm, 318, 343, 356, 359, 360.

5. Ce nom, évidemment altéré comme ceux de Myenal et de Pacherot, n’a pas la
physionomie française, et tous les étrangers employés à Gaillon étaient Italiens.

6. Il y a trente-deux ans que ce rapprochement est réclamé par les archéologues
les plus autorisés. M. de Guilhermy s’exprimait ainsi, en 1852, dans le tome XII des

xxix. — 2® période. 63
 
Annotationen