LE VITRAIL.
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brochent sur un fond d’entrelacs en grisaille : au sommet, dans des
médaillons, sont deux anges encensant la Vierge ; à la base sont deux
évêques, donateurs sans doute de la verrière.
On trouve encore un vitrail de la même époque représentant le
Christ en gloire, entouré des attributs des éyangélistes, dans la
chapelle de l’hôpital Saint-Jean d’Angers.
C’est à l’abside de la cathédrale de Poitiers qu’ont été conservés
les plus remarquables vitraux. L’un d’eux, le vitrail de la Passion,
est un modèle de grande composition décorative.
A la base du vitrail est un médaillon à quatre lobes, où sont
représentées différentes scènes de petite dimension ; des ornements
ou des figures remplissent les vides entre les lobes. Un grand Christ
crucifié est le centre de la composition. Entre les branches de la
croix, le peintre-verrier a disposé sur une première ligne la Vierge,
deux soldats et saint Jean, sur une deuxième ligne les apôtres. Au
sommet de la verrière, le Christ s’élève sur les nuées, dans un nimbe
orné de feuillages, entre deux anges dont le mouvement est très
habilement combiné pour remplir le vide entre la bordure et le nimbe.
Le Christ est revêtu d’une robe blanche à collet jaune orné d’écailles.
Le même ornement est répété sur la ceinture verte. Le manteau
est bien drapé. Des carrés de verre bleu forment une mosaïque
avec le fond rouge. Le dessin des plis est une première dérogation
aux principes de l’art roman et on peut apprécier par cette belle
figure les caractères distinctifs des écoles de l’Anjou et du Poitou.
Les deux autres verrières de la cathédrale, situées de part et
d’autre du vitrail de la Passion, représentent l’une la vie de saint
Laurent, l’autre la légende de saint Pierre et de saint Paul.
L’inscription des donateurs de ces verrières est rétablie par
M. Barbier de Montault dans la forme suivante :
THEOBALDVS COMES BLASONIS DEDIT HANC VITREAM ET DVAS ALIAS VITREAS
CVM VXORE VALENCIA ET FILIIS SVIS AD HONORE XPI...
Thibaut ayant été comte de 1204 à 1228, les verrières ne dateraient
que des premières années du xme siècle.
Tous ces vitraux se distinguent par des colorations claires et
harmonieuses. Jusqu’au xvie siècle, l’harmonie des couleurs demeura
la préoccupation constante de l’artiste ; mais à aucune époque cette
harmonie n’a été plus étudiée ni mieux comprise qu’au xne siècle, en
vue de la décoration translucide. La lumière passe dans toutes les
parties des verrières et les traits opaques des ombres ne servent
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brochent sur un fond d’entrelacs en grisaille : au sommet, dans des
médaillons, sont deux anges encensant la Vierge ; à la base sont deux
évêques, donateurs sans doute de la verrière.
On trouve encore un vitrail de la même époque représentant le
Christ en gloire, entouré des attributs des éyangélistes, dans la
chapelle de l’hôpital Saint-Jean d’Angers.
C’est à l’abside de la cathédrale de Poitiers qu’ont été conservés
les plus remarquables vitraux. L’un d’eux, le vitrail de la Passion,
est un modèle de grande composition décorative.
A la base du vitrail est un médaillon à quatre lobes, où sont
représentées différentes scènes de petite dimension ; des ornements
ou des figures remplissent les vides entre les lobes. Un grand Christ
crucifié est le centre de la composition. Entre les branches de la
croix, le peintre-verrier a disposé sur une première ligne la Vierge,
deux soldats et saint Jean, sur une deuxième ligne les apôtres. Au
sommet de la verrière, le Christ s’élève sur les nuées, dans un nimbe
orné de feuillages, entre deux anges dont le mouvement est très
habilement combiné pour remplir le vide entre la bordure et le nimbe.
Le Christ est revêtu d’une robe blanche à collet jaune orné d’écailles.
Le même ornement est répété sur la ceinture verte. Le manteau
est bien drapé. Des carrés de verre bleu forment une mosaïque
avec le fond rouge. Le dessin des plis est une première dérogation
aux principes de l’art roman et on peut apprécier par cette belle
figure les caractères distinctifs des écoles de l’Anjou et du Poitou.
Les deux autres verrières de la cathédrale, situées de part et
d’autre du vitrail de la Passion, représentent l’une la vie de saint
Laurent, l’autre la légende de saint Pierre et de saint Paul.
L’inscription des donateurs de ces verrières est rétablie par
M. Barbier de Montault dans la forme suivante :
THEOBALDVS COMES BLASONIS DEDIT HANC VITREAM ET DVAS ALIAS VITREAS
CVM VXORE VALENCIA ET FILIIS SVIS AD HONORE XPI...
Thibaut ayant été comte de 1204 à 1228, les verrières ne dateraient
que des premières années du xme siècle.
Tous ces vitraux se distinguent par des colorations claires et
harmonieuses. Jusqu’au xvie siècle, l’harmonie des couleurs demeura
la préoccupation constante de l’artiste ; mais à aucune époque cette
harmonie n’a été plus étudiée ni mieux comprise qu’au xne siècle, en
vue de la décoration translucide. La lumière passe dans toutes les
parties des verrières et les traits opaques des ombres ne servent