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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 35.1887

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Nr. 1
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Michel, André: Le Musée de Brunswick, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24189#0017
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LE MUSÉE DE BRUNSWICK.

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par Antonio Moro, son élève. Voilà une bonne fortune dont le savant
directeur des galeries ducales ne se doutait pas encore, quand il
rédigeait le catalogue modèle de sa collection. Le portrait en question
(n° 118) y est inscrit sous le titre de Y Homme au gant, — après y
avoir figuré, de 1814à 1862, comme Portrait de Thomas Morus, et même,
pendant quelques années, sous l’attribution d’Holbein. — On s’accorde
à y reconnaître aujourd’hui la main d’Antonio Moro; — reste à
identifier le personnage représenté. On a vu que, d’après M. Hymans,
il n’y a pas là matière à douter. Nous sommes en présence du portrait
de Schoorel, peint en 1558 par son élève reconnaissant, dont on con-
state en effet la présence, cette année-là, à Utrecht; Schoorel avait
alors soixante-deux ans et Antonio Moro, trente-neuf. J’ai sous les
yeux la planche du recueil de Lampsonius reproduite dans la belle
édition du Livre des peintres de M. Hymans et l’excellente photogravure
du n° 118 de Brunswick publiée dans l’album de la Société photogra-
phique de Berlin; j’avoue que la ressemblance du personnage représenté
dans l’une et dans l’autre ne s’impose pas avec une évidence irrésis-
tible. Il est sûr en tout cas que la gravure de Wiericx n’est pas la repro-
duction du portrait de Moro; la coiffure et le costume du personnage,
la position de ses mains, la forme du siège sur lequel il est assis
différent très sensiblement; — ce qui est plus grave, c’est que les
traits du visage sont loin de présenter une concordance parfaite. Le
Schoorel du recueil de Lampsonius est plus âgé que celui du por-
trait; et pour qui ne demanderait pas à être convaincu, la discus-
sion serait possible. Niais ne l’est-elle pas presque toujours en ces
décevantes questions de ressemblance et d’iconographie? Les deux
visages présentent, somme toute, assez d’analogies pour qu’on fasse
bon accueil à la séduisante hypothèse que nous enregistrons ici.

C'était donc un fort digne personnage que Jean Schoorel. tel qu’il
apparaît dans le portrait de son élève. Son maintien est plein de
la gravité qui convient à un chanoine et qui n’exclut pas d’ailleurs
une élégance de bon aloi; de son costume noir, s’échappe discrète-
ment au cou et aux poignets un plissé blanc de linge fin; des bagues
ornent les mains qu’il a fort belles; de sa barrette noire, sortent en
boucles soyeuses des cheveux que le temps a épargnés ; sur son visage
pensif, brille l’éclair d’une vive intelligence adoucie par l’habitude
de la réflexion. C’est bien là le portrait d’un homme supérieur, avec
ce je ne sais quoi d’un peu cérémonieux dans la mise en page qui
semble indiquer que l’élève, plein de respectueuse déférence pour le
maître, que son admiration passionnée avait choisi entre tous, ne
 
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