LES
PORTRAITS DE CÉSAR RORGIA
ESSAI D’ICONOGRAPHIE
(premier article.)
I.
ïttons tout d’abord sous les yeux du
lecteur, comme si nous en admet-
tions l’authenticité sans conteste,
le célèbre portrait de César attribué
à Raphaël, qui fait partie de la ri-
che collection du Palais Borghèse à
Rome. Un des portraits les plus sé-
duisants qui soient au monde, image
à la fois vivante, psychique et mys-
térieuse ; depuis plus de deux siècles,
elle sert de thème aux générations
et a acquis l’autorité que donne une longue tradition.
D’où vient l’œuvre et où sont ses titres? — Personne ne peut
répondre à cette question; pas même le prince de Sulmona, aujour-
d’hui chef delà famille Borghèse, qui, avec une insistance dont nous
avons été touché, a fait des efforts pour remonter aux origines, et
a interrogé en vain ses précieuses archives.
Si la force de tradition est indestructible, l’obscurité cependant
est complète; il faut que l’œuvre parle par elle-même et dissipe
les doutes qu’elle soulève. Non seulement la plupart des juges les
plus compétents de l’Europe se refusent à voir là le portrait authen-
tique de César; mais personne aujourd’hui n’ose plus prononcer à son
sujet le nom de Raphaël. Longtemps encore, les pèlerins du monde
PORTRAITS DE CÉSAR RORGIA
ESSAI D’ICONOGRAPHIE
(premier article.)
I.
ïttons tout d’abord sous les yeux du
lecteur, comme si nous en admet-
tions l’authenticité sans conteste,
le célèbre portrait de César attribué
à Raphaël, qui fait partie de la ri-
che collection du Palais Borghèse à
Rome. Un des portraits les plus sé-
duisants qui soient au monde, image
à la fois vivante, psychique et mys-
térieuse ; depuis plus de deux siècles,
elle sert de thème aux générations
et a acquis l’autorité que donne une longue tradition.
D’où vient l’œuvre et où sont ses titres? — Personne ne peut
répondre à cette question; pas même le prince de Sulmona, aujour-
d’hui chef delà famille Borghèse, qui, avec une insistance dont nous
avons été touché, a fait des efforts pour remonter aux origines, et
a interrogé en vain ses précieuses archives.
Si la force de tradition est indestructible, l’obscurité cependant
est complète; il faut que l’œuvre parle par elle-même et dissipe
les doutes qu’elle soulève. Non seulement la plupart des juges les
plus compétents de l’Europe se refusent à voir là le portrait authen-
tique de César; mais personne aujourd’hui n’ose plus prononcer à son
sujet le nom de Raphaël. Longtemps encore, les pèlerins du monde