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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
mentduxv° siècle, un renseignement qui donne une preuve nouvelle
de l'intérêt que prenait le duc de Berry aux productions de l'art
étranger.
Le roi Charles Y1 s'était attaché comme secrétaire un frère lai,
Pierre le Fruitier, plus connu sous le nom de Salmon, auquel la mala-
die du monarque permit de jouer un rôle équivoque et assez difficile
à apprécier. Il fut d'ailleurs chargé de plusieurs missions auprès du
roi d'Angleterre, gendre de Charles AH. Il prétendit ensuite qu'il avait
reçu dans l'église de Notre-Dame de Halle, une révélation d'un moine
blanc mystérieux sur la maladie du roi dont il devait trouver la
guérison à Rome, et il obtint de Charles VI des lettres de recomman-
dation pour Pierre de Luna et pour le maréchal de France Boucicaut,
gouverneur de Gènes. Les circonstances politiques, le siège de Rome
par Ladislas, l'obligèrent à séjourner en Toscane et il adressa de ce
pays au duc de Berry, une lettre dans laquelle il est question d'un
artiste italien :
« Janvier 1408. Et d'autre part, mon très redoubté seigneur plaise
vous scavoir que en icelle ville de Scienne a un ouvrier de inusayque
et avec ce fait ymaiges de merqueterie tant belles et bien vestues de
diverses couleurs de boys que onques homme ne fu veu rnieulx ouvrant
que lui de celle science; et pour ce, mon très redoubté seigneur que
je say que vous desirez veoir et avoir choses propres et plaisans et
ouvriers souverains et parfais en leur art et science jai offert a icel-
luiouvricrbaillerij'Mrancset le monter et faire conduire âmes despens
devers vous mais je n'ay peu chevir de lui qu'il me vueille riens accor-
der qu'il ne soit avant la saint Jehan passée. Si vous supplie, très
puissant prince et mon très redoubté seigneur, que après ce qu'il
vous aura pieu veoir le contenu en ceste cedule, il vous plaise moy
mander et commander vostre bon plaisir, comme à votre très humble
serviteur qui de cuer, de corps, de voulonté et de pensée l'accomplira
de son povoir; et en attendant vostre response sur ce, je demourav
à Jennes; et au cas, mon très redoubté seigneur que votre plaisir
serait que je feisse aler ces deux hommes * par devers vous qu il vous
plaise mander à Jennes, à Jehansac ou autre là où votre bon plaisir
sera, que se j'ay affaire d'argent pour cette cause qu'ilz m'en facent
délivrer ce que besoing sera, et je vous promets de vous en rendre
bon compte. Mon très redoubté seigneur des nouvelles et de 1 estât
t. h proposait également d'envoyer un homme qui pourrait guérir le Itoy.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
mentduxv° siècle, un renseignement qui donne une preuve nouvelle
de l'intérêt que prenait le duc de Berry aux productions de l'art
étranger.
Le roi Charles Y1 s'était attaché comme secrétaire un frère lai,
Pierre le Fruitier, plus connu sous le nom de Salmon, auquel la mala-
die du monarque permit de jouer un rôle équivoque et assez difficile
à apprécier. Il fut d'ailleurs chargé de plusieurs missions auprès du
roi d'Angleterre, gendre de Charles AH. Il prétendit ensuite qu'il avait
reçu dans l'église de Notre-Dame de Halle, une révélation d'un moine
blanc mystérieux sur la maladie du roi dont il devait trouver la
guérison à Rome, et il obtint de Charles VI des lettres de recomman-
dation pour Pierre de Luna et pour le maréchal de France Boucicaut,
gouverneur de Gènes. Les circonstances politiques, le siège de Rome
par Ladislas, l'obligèrent à séjourner en Toscane et il adressa de ce
pays au duc de Berry, une lettre dans laquelle il est question d'un
artiste italien :
« Janvier 1408. Et d'autre part, mon très redoubté seigneur plaise
vous scavoir que en icelle ville de Scienne a un ouvrier de inusayque
et avec ce fait ymaiges de merqueterie tant belles et bien vestues de
diverses couleurs de boys que onques homme ne fu veu rnieulx ouvrant
que lui de celle science; et pour ce, mon très redoubté seigneur que
je say que vous desirez veoir et avoir choses propres et plaisans et
ouvriers souverains et parfais en leur art et science jai offert a icel-
luiouvricrbaillerij'Mrancset le monter et faire conduire âmes despens
devers vous mais je n'ay peu chevir de lui qu'il me vueille riens accor-
der qu'il ne soit avant la saint Jehan passée. Si vous supplie, très
puissant prince et mon très redoubté seigneur, que après ce qu'il
vous aura pieu veoir le contenu en ceste cedule, il vous plaise moy
mander et commander vostre bon plaisir, comme à votre très humble
serviteur qui de cuer, de corps, de voulonté et de pensée l'accomplira
de son povoir; et en attendant vostre response sur ce, je demourav
à Jennes; et au cas, mon très redoubté seigneur que votre plaisir
serait que je feisse aler ces deux hommes * par devers vous qu il vous
plaise mander à Jennes, à Jehansac ou autre là où votre bon plaisir
sera, que se j'ay affaire d'argent pour cette cause qu'ilz m'en facent
délivrer ce que besoing sera, et je vous promets de vous en rendre
bon compte. Mon très redoubté seigneur des nouvelles et de 1 estât
t. h proposait également d'envoyer un homme qui pourrait guérir le Itoy.