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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 1
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Lostalot, Alfred de; Hamel, Maurice: Salon de 1889, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0032

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SALON DE 1889.

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pimpantes et coquettes Françaises, mais on leur impose pourtant des
timidités d’allure et le souci des convenances. Une chorégraphie
savante règle leur geste et leur démarche. Les bras se courbent en
anses d'amphore; la douleur, la joie, la passion obéissent à des
cadences concertées. Diane emporte Iphigénie, mais elle ne pense
guère à la pauvre enfant, toute préoccupée qu’elle est de garder son
maintien. La Fortune enlève son bandeau ; à quoi bon, si nulle pensée
n’éclaire ses yeux vides? Un génie expire, me dit-on, et je ne vois
qu’un lourdaud qui chancelle. On cherche une expression qui soit
prise sur le vrai, un terme fort, expressif et familier qui parle au
cœur. On trouve des phrases balancées pour le plaisir et des rythmes
flottants. La sculpture moderne ne saurait se borner à la correction
formelle non plus qu’à l’élégance décorative (fatalement inférieure
en cela aux siècles privilégiés de nudité plastique comme au goût
aristocratique de la Renaissance). Mais sans rien laisser perdre des
enseignements du passé, elle peut trouver dans l’étude de l’âme, de
ses aspirations, de ses passions ou de ses vices un inépuisable champ
d’observation. Elle peut être intime, pathétique, caractériste et rester
grande; elle peut raconter tout ce qui fermente dans un cœur et dans
un cerveau et rester sereine. Les plus belles œuvres de notre temps
ont été soutenues par l’idée. Comme Barye avec les hiéroglyphes
de l’ordre animal évoquait la lutte des instincts et les fatalités de
nature, un artiste de nos jours, avec des déploiements et des con-
tractions de muscles, des frissons d’épiderme et des expressions de
visage, fait passer dans le marbre et dans le bronze les tendresses,
les ardeurs et les tourments de la vie morale et physiologique. Il
retrouve en son entier la puissance expressive du corps humain, ce
merveilleux instrument de joie, de souffrance et de pensée; il le plie
aux nuances les plus déliées d’un sentiment, comme aux violences
extrêmes de la sensation. Mettant la vie sur chaque point il la ras-
semble et la conduit à son but avec une sûreté grandiose et de cette
unité nait l’harmonie qui enveloppe tant de hardiesse.

Nous ne prétendons pas avoir épuisé la matière, et plus d’une
œuvre intéressante comme les figures du Tombeau de Baudry, par
Mercié, ou YÈve de Marqueste mériteraient un examen attentif que
nous ne voulons pas formuler à la hâte.

Nous voudrions aussi citer, parmi les œuvres des jeunes, l'Enlève-
ment d’Iphigénie par Diane de Soulès, les Naïades de Peynot, le Dénicheur
d’aigles de Guillot, les médaillons-portraits de M1Ie Lancelot. Il nous
faut faire court et laisser à notre collaborateur M. André Michel le soin

II. — 3e PÉRIODE.

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