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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 2.1889

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Nr. 2
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Falize, Lucien: Les industries d'art, 2, L'orfèvrerie: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24446#0214

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

l’académicien orfèvre. — Je la lis jusqu’au bout : « Les orfèvres
savent bien que le succès de leurs travaux ne va pas sans l’ordon-
nance et le goût. — Profanes, ils s’en tiennent aux traditions les plus
pures en y ajoutant ce qu’il faut d’invention et de modernité pour
faire œuvre nouvelle; religieux, ils ne se passeront pas de l’idéal qui
leur donne à la fois le sens et l’interprétation des poèmes chrétiens. »

Tant que nous restons dans le domaine de l’orfèvrerie religieuse,
il peut être aisé de garder ces grandes traditions : — L’Eglise est
immuable ou du moins lente et circonspecte en ses innovations. Seule
elle a gardé dans notre monde nouveau les formes du passé; comme
sa doctrine, son apparence est restée la même : ses édifices, son
mobilier, le costume de ses prêtres, tout se tient dans un magnifique
ensemble et pendant que s’émiettent les choses d’autrefois, elle seule
reste grande, imposante et superbe, comme une apparition de l'his-
toire et de la religion, en ses habits d’or et ses palais de pierre. —
L’orfèvre n’a pas de peine à se défendre là des tentations nouvelles;
il vit entre le prêtre et l’architecte; il obéit à leurs lois, lois de
symbolisme, lois de construction; il continue ce qu’ont fait des géné-
rations d’orfèvres avant lui; il est l’ouvrier de l’autel.

C’est un rôle enviable et toujours il m’a semblé que ceux-là avaient
dans la hiérarchie du métier un degré de plus que leurs confrères ;
il devait en être ainsi jadis et je ne serais pas surpris d’apprendre
qu’ils ont reçu de l’Eglise une vertu particulière; iront-ils pas déjà
ce privilège de pouvoir toucher aux vases sacrés? Cette dispense leur
confère un caractère que n’a pas le vulgaire. — Toujours est-il que
l’orfèvre religieux agit et pense autrement que nous; son champ
d’étude, pour circonscrit qu’il soit, est si bien défini, qu’il est plus aisé
de s’y mouvoir que dans la pleine liberté du dehors. — Tout y est
prévu, réglé, défini : tout se tient, tout s’enchaîne, les styles ont
une grammaire, toutes les formes ont une loi, tous les ornements un
symbole, toutes les figures un sens déterminé; dès qu’on est à l’église
on entre dans le calme, on est aidé, conseillé, soutenu, et j’imagine
reposante et douce l’existence de l’orfèvre, dont l’atelier est entre la
bibliothèque et la sacristie, comme l’atelier de ces moines d’autrefois
qui, paisibles, continuaient leur travail à l’ombre du cloître pendant
qu’on se battait au dehors.

Les deux hommes qui maintenant représentent l’orfèvrerie reli-
gieuse sont, à Paris, M. Poussielgue-Rusand ; à Lyon, M. Armand
Calliat. Je n’ai rien à ajouter à ce que j’ai dit d’eux, il y a onze ans ;
tels ils étaient, tels ils sont encore : « Le premier traite en bronzier
 
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